Zohar II 123b – 126a.
« Et en tout ce que je vous ai commandé, vous serez gardés (thischamerou). » Pourquoi « vous serez gardés », au lieu de « vous garderez (thischmorou) tout ce que je vous ai commandé » ? Mais, quiconque observe les commandements de Dieu est réellement gardé par le ciel, pour qu’aucun mal ne lui arrive. Habbi Yehouda commença à parler ainsi : il est écrit : « Écoute, mon peuple, et je t’attesterai ma volonté, etc. ; tu n’auras point un dieu étranger, etc., car je suis le Seigneur ton Dieu. » Ces paroles ont été inspirées à David par l’Esprit-Saint, et elles méritent par conséquent qu’on s’y arrête. Le Saint, béni soit-il, exhorte souvent l’homme et lui commande d’observer les préceptes de l’Écriture.
Quiconque[124a] observe les ordonnances de l’Écriture et la cultive est aussi méritant que s’il avait cultivé le Nom sacré lui-même, le Nom suprême qui résume tous les noms (attributs) ; car toute l’Écriture est formée du Nom sacré. Celui qui retranche une seule lettre de l’Écriture agit comme s’il diminuait le Nom sacré. « Que le nom des dieux étrangers ne sorte jamais de ta bouche. » Ici est exprimée la défense d’a jouter quelque chose à l’Écriture ou d’en retrancher quelque chose. Habbi Biya dit : Ce verset renferme la défense d’étudier les livres profanes qui n’émanent pas de la même source que l’Écriture. Il est même défendu de garder le contenu de ces livres dans la mémoire et d’en former son esprit ; et à plus forte raison est-il défendu d’expliquer les paroles de l’Écriture avec l’aide d’arguments puisés dans ces livres. Rabbi Yehouda dit : la défense de prononcer le nom des dieux étrangers est placée, dans l’Écriture, immédiatement avant le précepte d’observer la fête des pains azymes, afin de nous apprendre que celui qui n’observe pas la fête des azymes, est considéré comme s’il avait transgressé la Foi du Saint, béni soit-il. En effet cette fête est l’image de la Foi. Rabbi Isaac dit : Il en est de même des autres fêtes ; car toutes sont l’image du Nom sacré et suprême. C’est pourquoi l’Écriture dit : « Tous tes mâles viendront se présenter trois fois l’année devant le Seigneur ton Dieu. » Il faut se présenter trois fois l’année devant le Seigneur parce que ces « Trois » fêtes sont l’image de la Foi. Pourquoi l’écriture parle-t-elle de mâles ? Rabbi Éléazar dit : L’Écriture désigne l’organe mâle, source de toutes les bénédictions. Tout israélite circoncis doit se présenter devant le Roi sacré, afin de puiser les bénédictions de la Source céleste ainsi qu’il est écrit : « … Selon les bénédictions que le Seigneur ton Dieu t’a données. » Et, ici, l’Écriture se sert également du mot « Seigneur » qui, ainsi que cela a été déjà dit, est la source de toutes les bénédictions. Le sort d’Israël est plus heureux que celui de tous les autres peuples. Les Israélites se rendaient une fois à Jérusalem pour la célébration d’une fête. Des païens s’étant furtivement mêlés aux pèlerins israélites, les bénédictions célestes ne furent pas répandues dans le monde durant cette année. Les Israélites allèrent en demander la cause à Rab Hammenouna le Vieillard : Celui-ci leur dit : Avez-vous remarqué quelque chose d’anormal lors de votre pèlerinage au commencement de cette année ? Ils lui répondirent : À notre retour du pèlerinage, nous avons trouvé tous les puits le long de la route bouchés, et des brouillards obscurcissaient tellement l’air que les pèlerins ne purent pas continuer leur route. Il y a plus : lors de notre entrée à Jérusalem, le ciel se couvrit de nuages, et un orage éclata. Rab Hammenouna fut consterné par ce récit; il dit à ses visiteurs : Il est certain qu’il y a parmi vous quelques individus qui ne sont pas circoncis, ou que quelques païens se sont mêlés à vous subrepticement; car à cette époque de l’année, les bénédictions ne sont répandues dans le monde que par les Israélites qui sont circoncis ; le Saint, béni soit-il, aperçoit cette marque sainte et bénit ceux qui la portent. L’année suivante, les païens se mêlèrent de nouveau aux pèlerins. Pendant que tous les pèlerins étaient réunis à Jérusalem et mangeaient gaiement les restes des sacrifices offerts, ils remarquèrent que quelques-uns parmi eux se cachaient la figure au moment de prendre les premières bouchées. On les examina alors plus attentivement et on constata que, tandis que tous les pèlerins récitaient la bénédiction d’usage avant de manger, ces individus n’en faisaient pas autant. On avertit de cela le tribunal qui ordonna une enquête. On demanda à ces individus quel genre de sacrifice était celui dont ils mangeaient les restes. Ils ne savaient pas répondre. Poursuivant l’enquête, on découvrit qu’ils étaient païens, et on les fit exécuter. Les Israélites dirent alors: Béni soit le Miséricordieux qui choisit son peuple; car il n’y a des bénédictions que par Israël, race sainte, fils de foi, fils de vérité. Cette année les bénédictions se répandirent avec abondance dans le monde ; et Israël dit : « Mais les justes loueront ton nom et ceux qui ont le cœur droit habiteront en ta présence. » Rabbi Hiyâ dit: C’est par le mérite de la circoncision que les Israélites ont subjugué les peuples ennemis et ont hérité de leur pays. Remarquez qu’immédiatement après le verset : « Tous les mâles, etc. », l’Écriture dit: «Je chasserai les peuples devant toi et j’étendrai les limites de ton pays.» Le Saint ; béni soit-il, chasse les habitants d’un pays et y établit d’autres habitants; et c’est pour lui en rendre grâces qu’il ordonna que tous les mâles se présentassent devant le Seigneur (Adon). Rabbi Yehouda dit : Le mot « Adon » en ce verset désigne le même dont parle Isaïe: « Mais le Seigneur (Adon), le Dieu Çebaoth, va briser la branche par son bras terrible: ceux qui étaient les plus hauts seront coupés, etc. Il sortira un rejeton de la tige de Jessé, et une fleur naîtra de sa racine. » Dieu et « Adon » ne font qu’Un ; « Adon » chasse les indigènes et établit d’autres à leur place. Rabbi Isaac dit: Il y a «Adon» et «Adon»; mais ils ne font qu’un. Rabbi Yehouda dit: « Adonaï » s’écrit avec Aleph, Daleth, Noun et Yod ; en parlant d’ « Adonaï », le Saint, béni soit-il, nomme (124b) Celui dont le Nom se prononce comme il s’écrit: Et qui est-ce? Rabbi Yossé dit : « Et je vis le miroir du Seigneur (maroth Élohim). » L’Écriture ne dit pas « mareh » (vision), mais « maroth » (miroir), parce que « Adonaï » est le miroir de « Jéhovah ». « Jéhovah » ne peut pas se prononcer de la façon dont il s’écrit, tandis qu’« Adonaï » se prononce de la façon dont il s’écrit. Rabbi Yehouda dit : Parfois l’Écriture donne au Supérieur (Jéhovah) le nom de l’Inférieur (Adonaï); et parfois c’est le con traire qui arrive. «Adon Jéhovah», quand il désigne le nom Supérieur (Jéhovah), s’écrit «Adonaï». La raison de ces différences de noms a été expliquée de diverses manières; mais toutes reviennent au même. Béni soit le Dieu miséricordieux, béni soit son Nom toujours et en toute éternité.
« Je vais envoyer mon ange afin qu’il marche devant toi.» Rabbi Isaac commença à parler ainsi : « Qu’il me donne un baiser de sa bouche. » Pourquoi l’Écriture ne dit-elle pas: « Qu’il m’aime », au lieu de: « Qu’il me donne un baiser » ? Par le baiser, les amis échangent leurs esprits ; et c’est pourquoi le baiser s’applique sur la bouche, source de l’esprit. Quand les esprits de deux amis se rencontrent par un baiser, bouche sur bouche, ces esprits ne se séparent plus l’un de l’autre. De là vient que la mort par un baiser est tant souhaitable ; l’âme reçoit un baiser de Dieu, et elle s’unit ainsi à l’Esprit-Saint pour ne plus s’en séparer. Voilà pour quoi la « Communauté d’Israël » dit : « Qu’il me donne un baiser de sa bouche », pour que notre esprit s’unisse au sien et ne s’en sépare jamais. L’Écriture ajoute : « … Car tes mamelles sont meilleures que le vin. » Le vin est-il donc si bon ? L’Écriture dit pourtant : « Et ceux-là aussi sont devenus fous par le vin… » Et ailleurs : « Vous ne boirez point de vin, etc. » Rabbi Hiyâ dit : Par le mot « vin », l’Écriture désigne la Loi. Habbi Hizqiya dit: L’Écriture nous apprend que le vin réjouit le cœur de l’homme, et c’est pourquoi la « Communauté d’Israël » dit à Dieu que, mieux encore que le vin, sa Loi réjouit le cœur. Rabbi Yehouda demanda: Pourquoi Jacob pleurait-il en baisant Rachel ? Lorsque leurs esprits se furent rencontrés dans le baiser, l’esprit de Jacob sentit toute l’amertume de celui de Rachel, et son cœur s’attendrit et il se mit à pleurer. Mais, objectera-t-on, l’Écriture dit également qu’Esaü embrassa Jacob et pleura, et pourtant Esaü n’était certaine ment pas capable de tendresse ! Une tradition nous apprend que le mot « va-ischaqehou » (et il le baisa) porte des points sur chaque lettre, afin de nous indiquer que le baiser d’Esaü n’était pas sincère ; et un tel baiser ne provoque jamais la rencontre des esprits, parce qu’il n’est pas l’effet de l’affection. Un baiser sans affection est trop grossier pour pouvoir provoquer l’union de deux esprits, ainsi qu’il est écrit : « Et les baisers de l’ennemi sont grossiers. »
Une tradition nous apprend que toutes les fois que le Saint, béni soit-il, demeure au milieu d’Israël, son Esprit – s’il est permis de s’exprimer ainsi, – s’unit à celui d’Israël; c’est pour quoi l’Écriture dit; « Et vous vous êtes attachés au Seigneur votre Dieu. » Lorsque Dieu lui dit : « Je vais envoyer mon ange afin qu’il marche devant toi », Moïse comprit de suite que ces paroles équivalaient à un congé, à une séparation, et il s’écria : «Si tu ne marches toi-même devant nous, ne nous fais point sortir de ce lieu.» Rabbi Abba demanda: Quel rapport y a-t-il entre ce verset et celui qui le précède ; « Tu offriras en la maison de ton Dieu les prémices des fruits de la terre. Tu ne feras point cuire le chevreau dans le lait de sa mère » ? L’Écriture nous apprend qu’il ne faut pas mêler les choses d’ici-bas aux choses d’en haut, en d’autres termes qu’il ne faut pas être la cause que le côté extérieur tire ses aliments du côté intérieur. Quelle différence entre ces deux côtés ? Le côté extérieur est impur et le côté intérieur est saint. « Mère » désigne, dans ce verset, la « Communauté d’Israël » ; et on doit éviter que l’autre côté ne se nourrisse du lait de la Mère. Rabbi Éléazar dit : Le cas est comparable à celui d’un roi qui voulait avoir constamment son fils à ses côtés et ne jamais s’en séparer. Lorsque ce fils vint un jour (125a) prier le roi de l’accompagner, le roi commença par lui dire : Je vais en voyer tel capitaine avec toi pour qu’il te serve de gardien pendant ton voyage. Ensuite il ajouta : Prends garde à ton propre gardien; car cet homme n’est pas bien sûr. Quand le fils entendit cela, il dit à son père : S’il en est ainsi, je resterai à la maison, ou tu viendras toi-même m’accompagner. De même, le Saint, béni soit-il, commença par dire à Moïs : « Je vais envoyer mon ange afin qu’il marche devant toi et te garde pendant le chemin. » Ensuite il ajouta: «Garde-toi bien de lui; car il ne te pardonnera point lorsque tu pécheras.» Quand Moïse entendit cela, il s’écria : «Si tu ne marches toi-même devant nous, ne nous fais point sortir de ce lieu.» Rabbi Siméon arriva juste au moment où Rabbi Éléazar prononçait les paroles mentionnées; et il lui dit: Éléazar, mon fils, ce n’est point en réponse aux paroles de Dieu que tu viens de citer, que Moïse s’écria: « Si tu ne marches toi- même, etc. », mais bien en réponse aux paroles de Dieu: «Et j’enverrai un ange devant toi, afin d’en chasser les Chananéens, etc. » Quoi qu’il en soit, ajouta Rabbi Siméon, ce qui est certain, c’est que Moïse ne voulait pas entendre parler de l’envoi d’un ange, ainsi qu’il est écrite: « Seigneur, si j’ai trouvé grâce devant toi, qu’Adonaï marche lui-même avec nous. » À l’interprétation donnée précédemment par Rabbi Abba, Rabbi Yehouda objecta: Si «chevreau» désigne le côté impur, et « mère » la « Communauté d’Israël », pourquoi l’Écriture dit-elle : « … Dans le lait de sa mère », au lieu de : « … Dans le lait de la mère »? La « Communauté d’Israël » est-elle donc la mère du côté impur ? Ceci ne peut pas être, puisque Rabbi Siméon nous a appris que la « Communauté d’Israël », la mère sainte, n’a de contact qu’avec Israël, ainsi qu’il est écrit : « Et il a choisi son peuple pour être particulièrement à lui. » Rabbi Siméon dit à Rabbi Yehouda : Tu as raison ; mais Rabbi Abba n’a pas tort non plus. Sache que les côtés, le saint et l’impur entourent la Mère d’en haut, la Mère sacrée ; un de ces côtés se tient à droite, l’autre à gauche. L’un comme l’autre tirent leur nourriture de la Mère. Et pour repousser le côté impur du sein de la Mère, l’Écriture commande d’offrir les prémices au Seigneur ; à l’occasion de cette cérémonie, on doit réciter les persécutions de Laban, qui voulait dominer sur Jacob et sur la race sainte. De même, le puissant serpent veut imposer sa domination. Mais il incombe aux Israélites de repousser le côté impur et de l’empêcher de s’approcher du lait de la Mère. Voilà pourquoi l’Écriture défend de cuire un chevreau dans le lait ; car tout se fait en haut suivant les actes symboliques que les hommes exécutent ici-bas. Le sort d’Israël est plus enviable que celui de tous les peuples païens ; car leur Maître dit d’eux (des Israélites): « Car tu es un saint peuple, et le Seigneur ton Dieu t’a choisi, etc. » Remarquez que, lorsque les œuvres d’Israël ne sont pas dignes, l’Écriture dit de lui : « Mon peuple a été dépouillé par ses exacteurs, et les femmes les ont dominés. » En pareil cas, les hommes sont réellement dominés par les femmes. Ce qui précède, nous l’avons trouvé (125b) dans le livre des mystères du roi Salomon. Nous avons trouvé en outre, dans ce même livre, que, lorsqu’un homme mange, dans la même heure ou pendant le même repas, un chevreau et du lait, il porte ensuite durant quarante jours l’empreinte d’un chevreau rôti ; cette empreinte n’est visible qu’aux êtres d’en haut. Les démons, reconnaissant l’homme à cette empreinte, s’approchent de lui et le souillent. S’il procrée durant ces quarante jours, l’enfant recevra une âme de l’« autre côté ». Il doit en outre se garder des bêtes fauves, auxquelles il paraît sous la forme d’un chevreau, car il perd les traits de visage humain. Rabbi Yessa permit de manger une poule avec du fromage ou avec du lait, puisque l’Écriture ne parle que d’un chevreau. Rabbi Siméon lui dit : Tu fais mal de le permettre ; car si tu commences à permettre la poule avec du lait, les gens en feront autant avec la viande de boucherie. On dit à un Nazaréen abstème : N’approche point de la vigne. Une tradition nous apprend que si Daniel, Ananias, Misaël et Azarias ont été jugés dignes de sortir miraculeusement indemnes de tant d’épreuves, c’est parce qu’ils ne se sont pas souillés des mets des païens. Rabbi Yehouda dit : Il est écrit : « Et Daniel résolut dans son cœur de ne se point souiller en mangeant de ce qui venait de la table du roi. » Une Mischna ésotérique nous apprend que le mets favori et quotidien de cet impie (Nabuchodonosor) était la viande pré parée au lait et au fromage. Comme Daniel s’est gardé de toucher à ces mets, il a conservé les traits de son Maître (Dieu) et sa figure n’a pas changé lorsqu’on l’eut jeté dans la fosse aux lions; aussi ces fauves le craignaient-ils et ne le blessèrent point. Et cet impie (Nabuchodonosor), lorsque la royauté lui fut ôtée et qu’il habitait avec les bêtes fauves, perdit les traits de son visage, et il n’avait plus figure humaine. Il apparaissait aux fauves comme un animal congénère et comme femelle, et il leur servit pour l’accouplement. Il fut plus d’une fois exposé à être dévoré par les fauves; mais le châtiment qui lui était destiné était d’une autre nature. L’Écritured dit : «Et il se riait des rois.» Son châtiment était donc d’être mis dans un état où tout le monde riait de lui. Remarquez que l’Écriture dit : « Et après les dix jours, leur visage parut meilleur que celui de tous les jeunes hommes qui mangeaient des mets du roi. » Leur visage parut meilleur, parce qu’ils avaient conservé sur leur visage l’empreinte de leur Maître (Dieu), alors que les autres l’avaient perdue. Et d’où venait cela ? De ce qu’ils ne s’étaient pas souillés en mangeant les mets des païens. Heureux le sort d’Israël, dont l’Écriture dit: « Vous serez des hommes saints à moi. »
« Et il dit à Moïse : Monte vers Jéhovah. » Qui dit à Moise ? C’était la Schekhina qui lui dit : « Monte vers Jéhovah. » Car, vers Élohim, il était déjà monté, ainsi qu’il est écrit : « Et Moïse monta vers Élohim.» À leur sortie d’Égypte, les Israélites ont seulement accompli le devoir de la circoncision, mais non pas aussi celui de la mise à nu du gland (perouâ). Voilà pourquoi Moïse commença par monter vers la Schekhina seulement, et ne monta vers Jéhovah que plus tard. Pourquoi la Schekhina dit-elle à Moïse : « Monte vers Jéhovah » ? Elle lui dit : C’est toi qui as établi la base de mon union avec Israël ; mais maintenant je n’ai plus besoin de toi ; tu peux monter en haut ; car je me mettrai directement en rapport avec Israël. Voilà pourquoi Moïse divisa le sang, en en mettant la moitié dans des coupes, et en répandant l’autre moitié sur l’autel [126a]. C’était le symbole de l’Alliance.
« Moïse seul montera vers Jéhovah. » Heureux le sort de Moïse d’avoir été jugé digne d’une faveur qui n’a été accordée à aucun autre homme! À cette heure, les Israélites, eux aussi, ont été favorisés plus que jamais, parce qu’ils avaient atteint le suprême degré de sainteté. Dieu leur annonça en ce moment la bonne nouvelle qu’il ferait bâtir un temple, ainsi qu’il est écrit : «Ils me dresseront un sanctuaire et j’habiterai au milieu d’eux. »
« Et ils virent le Dieu d’Israël; et son marche-pied paraissait comme un ouvrage fait de saphir, etc. » Rabbi Yehouda commença à parler ainsi : « Ta taille est semblable à un palmier, etc. » Combien grand est l’amour du Saint, béni soit-il, pour la « Communauté d’Israël» dont il ne se sépare jamais, comme le mâle du palmier n’est jamais séparé de la femelle! Remarquez que Nadab, Abiu et les soixante-dix anciens d’Israël ont vu, en ce moment, la Sehekhina. Tel est le sens des mots : « Et ils virent le Dieu d’Israël.» Rabbi Isaac objecta : L’Écriture dit également : « C’était le Hayâ que j’ai vu au-dessous du Dieu d’Israël près du fleuve de C’bar. » Or, nous savons de ce verset qu’au-dessous de la Schekhina se trouve un Hayâ ; pourquoi donc l’Écriture dit-elle ici qu’ils virent au-dessous de la Schekhina comme un ouvrage fait de saphir? Rabbi Yossé dit au nom de Rabbi Hiyâ : Le Hayâ dont parle l’Écriture est le petit Hayâ. Y a-t-il un petit Hayâ? Oui, il y a un Hayâ inférieur et un Hayâ supérieur, et il y en a encore un troisième, qui est le plus petit des trois. Par cette vue de la couleur du saphir, le Saint, béni soit-il, Leur annonça qu’il élèvera le temple, ainsi qu’il est écrit : « Et vos fondements seront de saphir.»
« La main de Dieu ne frappa point les princes d’Israël. » « Les princes d’Israël » désignent Nadab et Abiu, dont Dieu remit le châtiment à plus tard. « Et ils virent le Seigneur, et ils mangèrent et burent. » Rabbi Yossé dit: Ces paroles font l’éloge des princes d’Israël ; car, par les mots: « Ils mangèrent et burent », l’Écriture entend qu’ils rassasièrent leurs yeux de cette lumière céleste. Rabbi Yehouda dit: Ils ont réellement mangé et bu; et, par cette nourriture, ils se sont attachés au monde d’en haut ; leur sort eût été heureux, s’ils n’avaient pas quitté la bonne voie plus tard, ainsi que nous l’avons déjà dit. Rabbi Éléazar dit: Israël était digne en ce moment-là, et il s’attacha à la Schekhina ; jamais Israël n’a vu des choses si sublimes qu’en ce moment-là. Mais, dans le temps futur, le Saint, béni soit-il, se révélera à ses enfants de telle façon que tous verront sa gloire de leurs propres yeux, ainsi qu’il est écrite : « Car ils verront de leurs propres yeux que le Seigneur aura ramené Sion », et ailleurs : « Et la gloire du Seigneur se manifestera, et toute chair verra en même temps que c’est la bouche du Seigneur qui a parlé. »
Zohar II 123b – 126a