Traité des Palais de Zohar II – folio 244a à 269a.
Rabbi Siméon : Une tradition nous apprend que les palais célestes où se manifeste la gloire du Saint, béni soit-il, sont de deux sortes : Il y en a où domine la parole, et d’autres où domine l’intention…
Les palais supérieurs sont de la seconde catégorie, puisqu’ils ont pour objet de manifester la Gloire d’en haut, en haut, jusqu’à l’Infini où se trouve l’Essence de toutes les intentions et de toutes les pensées, mais où ne retentit aucune parole. Remarquez qu’il a été dit que ces palais sont disposés de telle sorte que les inférieurs sont enchaînés aux supérieurs. Remarquez que, lorsque Moïse pria pour Israël, il fit une longue prière, tandis que, pour sa soeur, il ne fit que cette courte prière : « Dieu, guéris-la », et pas plus. Comme Moïse était le maître de la maison et y commandait [245a] il n’avait pas besoin d’une longue prière ; deux paroles lui suffisaient. Le but de tous les palais célestes, c’est de conserver la Schekhina en ce bas monde. Rabbi Siméon se leva et dit : Heureux ton sort, Adam, l’élu de toutes les créatures du monde ; car le Saint, béni soit-il, t’a placé au-dessus de toutes les créatures, t’a introduit dans le paradis et t’a préparé sept dais pour te procurer les délices d’en-haut, ainsi qu’il est écrit : « … Pour voir les délices de Dieu et visiter son palais. » Les « délices de Dieu » désignent les sept palais d’en haut « Son palais » désigne les sept firmaments d’en bas. Ces sept dais supérieurs formaient une couronne autour de toi et tu te promenais dans le Jardin d’Éden d’en bas. Tu étais parfait jusqu’à ce que tu te sois laissé entraîner par le mauvais serpent, et tu fus chassé du Jardin d’Éden, et tu amenas la mort sur la terre. Tu as abandonné les délices célestes et tu t’es laissé entraîner par les passions honteuses qui sont appelées « venin de serpent ». Mais Abraham le pieux arriva et il perfectionna le monde et le fit entrer dans la Loi Sacrée, et il rétablit l’union entre les cieux d’en haut et les cieux d’en bas.
Le Premier Palais.
Le premier palais est le siège de la Foi ; c’est le commencement du mystère de la Foi. C’est par ce palais que le prophètes véridiques ont vu leurs visions comme dans une glace sans reflet. Tel est le sens des paroles : « Au commencement que le Seigneur parla à Osée… » Cela signifie que Dieu accorda à Osée le premier degré de la vision. Dans l’empire du démon, un palais semblable répond à celui que nous venons de citer. Qu’on se garde bien d’y pénétrer, car il souille tous ceux qui en approchent. Noé y entra et il s’enivra. La femme prostituée que Dieu recommanda à Osée désigne ce palais ; Dieu voulait qu’Osée pénétrât dans ce palais avant de monter dans le palais sacré correspondant à celui-ci. Un ange du nom de « Tahariel » se tient à la porte de ce palais sacré ; aussi bien lui-même que tous les autres chefs et les anges qui montent dans ce palais ressemblent à un feu, et ils tiennent dans leurs mains des gerbes de feu. Les chefs de ce palais sont appelés [245b] « Maîtres d’yeux ». Quand une âme est digne, elle pénètre dans ce palais ; sinon, elle est repoussée, et des millions de légions la saisissent et la jettent dans l’enfer où elle subit des punitions pendant douze mois. Le chef préposé à la porte de ce palais laisse également pénétrer les prières de la « Communauté ». Quant à la prière d’une personne seule, elle pénètre dans le palais si elle est faite de manière convenable ; sinon, elle est cueillie par un autre chef du nom de « Sahadiel » placé à un ciel inférieur. Celui-ci conserve la prière imparfaite. Si l’homme qui l’a faite fait pénitence, cette prière s’épure également et remonte tardivement jusqu’auprès du Roi Sacré. Mais si l’homme ne se convertit jamais, cette prière est jetée au démon. Au-dessus de cette porte du palais, il y en une autre gardée par le Saint, béni soit-il, lui-même. Elle est ouverte trois fois par jour et sert aux larmes des pénitents qui y sont recueillies. Alors que toutes les portes du ciel se ferment, celle-ci ne ferme jamais. Un ange du nom de « Ramiël » placé sur une roue soutenue par six cents Hayoth puissants cueille ces larmes et en fait une couronne. Les larmes qui ont été versées, et en haut, et en bas, à cause de la destruction du temple, sont toujours gardées ; car, en haut aussi, on a versé des larmes sur cet événement, ainsi qu’il est dit : « Les anges ont gémi dehors et les anges de paix ont pleuré amèrement. » Ces larmes sont mêlées à celles qu’on verse à la mort d’un juste et d’un pieux. Mais, au x temps futurs : « Dieu effacera les larmes de toutes les faces », c’est-à-dire les larmes d’en haut, et « il ôtera la honte de son peuple ». Dans ce palais, il existe en outre un esprit qui porte le nom de « Satoutriâ. » Il projette des lumières de tous côtés, comme les étincelles qui s’échappent d’une chandelle. [246a] Les âmes qui arrivent du septième palais sont cueillies par l’esprit sacré Satoutriâ ». Il garde les âmes mâles qui émanent du côté droit, et un autre esprit du nom d’Adiriâ Sanoughiâ garde les âmes femelles qui émanent du côté gauche. Lorsque les âmes reviennent de ce bas monde, elles se retrouvent dans ce palais, et les âmes mâles s’y unissent de nouveau avec les âmes femelles. Quand une âme mâle s’unit à une âme femelle, des étincelles s’échappent et se répandent dans toutes les directions. Ce sont ces étincelles qui donnent naissance aux roues dont il est parlé dans la vision d’Ezékiel. Les roues sont sous les ordres d’un Hayâ appelé « Bazaq ». Ce Hayâ donne naissance à un firmament étendu au-dessus de la tête des Cheroubim. « Bazaq » est chargé d’estimer le mérite des prières et de l’étude de la Loi faite pendant la nuit. Dès que le jour commence à poindre, « Bazaq » suspend ces prières et ces études au firmament où sont fixés les étoiles, la lune et les autres corps célestes. Ce firmament porte le nom de « Livre de souvenir », ainsi qu’il est écrit : Et il fit écrire dans le livre de souvenir. » Quatre roues célestes posées sur douze piliers sont gouvernées par les quatre chefs « Abaniel », « Qedoumiel », « Malkhiel », « Jahadounhi », qui ont les clefs du Nom Sacré entre leurs mains. Ces quatre anges sont exprimés dans les lettres du nom [246b] « Adonaï » gardées par « Sandalphon », chefs des chars, tandis que « Bazaq » garde les lettres du Nom sacré « יהוה ». « Jahdounhi », qui est l’union des deux Noms sacrés mentionnés, se trouve également dans ce palais. C’est un esprit qui naît de l’union de deux autres esprits, telle ls couleur résultant de la réfraction de rayons du soleil, lorsque les rayons de cet astre dardent sur l’eau. Cet esprit tient donc d’un côté et de l’autre auxquels il sert de trait d’union pour rendre complet le Nom sacré. Au milieu du palais, il y une colonne appelée « Adrahaniël » ;elle conduit au second palais et y transmet les prières.
Le Second Palais.
Le second palais est plus mystérieux que le premier ; il est le séjour de la Foi. Il est pourvu de trois portes gardées par un ange du nom d’ « Ourphaniel ». Il règne sur trois directions : le Sud, le Nord et l’Est. Au-dessous de lui, sont placés deux autres chefs. Ils sont chargés de recueillir les âmes des hommes exécutés à la suite d’un jugement du Tribunal ou tués par le païens. Les chefs célestes gravent les visages de ces malheureux sur leur habit de feu qu’ils montrent ensuite à leur Maître. Celui-ci les reproduit parmi les noms de ceux qui ont été tués par les païens. Ce chef possède une coupe pleine de lumière et de vie qui porte le nom de « coupe de consolation ». Il la tend aux affligés. [247a] De même que le côté saint a des palais, des chefs, des esprits et des anges servant au bien, le côté impur a aussi des palais, des chefs, des esprits servant au mal. À un côté correspond exactement l’autre côté ; l’esprit du mal correspond à l’esprit du bien. Ce palais porte le nom de « lumière éclatante » (Zohar), parce que l’esprit « Ourphaniel » répand une lumière composée de celle d’en haut et de celle d’en bas. C’est à cette lumière que fait allusion le mot « Haschmal » dans la vision d’Ézéchiel. Ce mot désigne l’ange « Ourphaniel ». Quand une âme arrive en haut, un chef préposé à la garde des vêtements des anges et appelé « Tzadeqiël » la saisit et la conduit auprès d’ « Ourphaniel ». Celui-ci décide du vêtement qui lui convient, toujours proportionné aux oeuvres accomplies en ce bas monde. L’âme est ensuite conduite au « fleuve de feu », par lequel toute âme doit passer pour être purifiée. Il arrive parfois qu’une âme se noie dans ce fleuve, qu’elle y est consumée et n’en remonte plus. Mais si l’âme est digne et remonte du fleuve, elle est revêtue de son habit et remise au Grand-prêtre Michel qui l’offre en holocauste à l’Ancien des Temps, devant lequel elle reste éternellement. Heureuse âme jugée digne d’une telle faveur ! L’union de deux esprits donne naissance au Seraphim à six ailes qui régissent le monde et qui sanctifient leur Maître trois [247b] fois par jour. Il sont très méticuleux dans leur jugement; la moindre faute d’un juste lui est comptée par ces Seraphim pour un crime, tel, par exemple, la faute de se faire servir par un homme qui a étudié les six séries de la Mischna. Au-dessus de ces Seraphim aux visages d’aigle, il y a un Hayâ appelé « Ophiel » qui tient toutes les clefs de la Sagesse. C’est lui qui demande à Dieu de récompenser tous ceux qui s’appliquent à l’étude de la Loi sacrée. C’est selon le degré de savoir que l’âme a acquis en ce bas monde, qu’elle est récompensée en haut. Les Seraphim ont pour but de terrasser les autres seraphim à forme de serpents qui émanent du mauvais serpent, cause de la mort de tout le monde. Au-dessus de ce Hayà, il y a quatre roues disposées dans les quatre directions du monde. Celle de l’Orient s’appelle « Haniël » ; celle du Nord « Quarschiel » ; celle du Sud « Ezriël », et celle de l’Ouest « Aniël ». C’est de ce palais que vient le don de la prophétie accordé à chacun suivant son degré de savoir. À l’un est donnée la vision claire, à l’autre une vision trouble, et un autre encore une vision en songe. [248a] Nul prophète n’a eu de vision aussi claire que Moïse qui puisait à la source même.
Troisième Palais.
Le troisième palais a plus de lumière que les deux précédents. Il a quatre portes qui donnent sur les quatre directions du monde et à chacune desquelles se tient un chef. À la première porte se tient le chef « Malkhiël » préposé à la garde des décrets émanant du tribunal du Roi. Avant de transmettre ces décrets à ses subalternes, il les lit. Il a sous ses ordres deux écrivains, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Tant que les décrets sont entre les mains de ce chef, ils sont susceptibles d’être abrogés. Mais dès qu’ils arrivent aux chefs du premier palais, les peines qu’ils infligent sont inéluctables. Car ce chef les transmet immédiatement à un chef de l’ « autre côté », un chef impur de la rigueur, qui est sans pitié et qui porte le nom de « Sangadiel ». Celui-ci se tient à la porte du premier palais entouré de plusieurs légions et n’attend que l’instant de recevoir un décret pour l’exécuter immédiatement. Les deux écrivains assis aux côtés de « Malkhiël » s’appellent « Schamschiel » et « Quemouël ». Comme le chef de l’ « autre côté » exécute incontinent les décrets qu’il reçoit [248b] Dieu chargea un chef de garder les décrets entre ses mains pendant quelque temps avant de le remettre au chef du premier palais. La première porte est du côté du sud. La seconde porte est maîtresse de vie et de mort ; car c’est là que les décrets sont signés. Elle est gardée par le chef « Gazriël ». Il a au-dessous de lui deux autres chefs appelés « Sanouriâ » et « Adiel »; l’un de ces deux garde les décrets de vie, et l’autre ceux de mort. Cette porte est fermée tous les jours de la semaine; elle ne s’ouvre que le jour du Sabbat et le premier du mois. Le jour du Grand Pardon, cette porte est fermée jusqu’à la prière de Vêpres. Quand la prière de Vêpres est récitée, cette porte s’ouvre et les deux chefs se tiennent l’un à droite et l’autre à gauche, tenant dans leurs mains l’un les décrets de vie, l’autre les décrets de mort. Cette porte est du côté de l’Orient. De la troisième porte dépendent les maladies, les souffrances et la pauvreté ! Quand cette porte est fermée à la prière d’un homme, celui-ci sera accablé de maladie, de souffrance et de pauvreté, jusqu’à ce qu’il fasse pénitence. Elle est gardée par le chef « Qaphtziel ». Il a au-dessous de lui un chef du nom d’ « Iriel », lequel confie le sort des hommes condamnés à la maladie ou à la pauvreté à un autre chef du côté impur appelé « Ascara ». C’est ce dernier qui frappe de maladie les enfants en dessous de treize ans. Ceux de treize ans jusqu’à l’âge de vingt ans sont confiés à l’esprit appelé « Aghirison » qui sort du « serpent tortueux », auteur de la mort de tout le monde; c’est l’esprit tentateur. À partir de l’âge de vingt ans, le sort de l’homme est confié au serpent lui-même, appelé ange exterminateur. Les esprits chargés de frapper les enfants [249a] ne frappent jamais que quand ils y sont autorisés, tandis que le serpent lui-même frappe parfois sans autorisation, ainsi qu’il est écrit « Et il y a des hommes qui disparaissent sans jugement. » C’est pour cette raison que l’ange exterminateur est appelé « très bon », parce qu’il enlève parfois l’homme avant que celui-ci ne dégénère encore davantage. Cette porte se trouve du côté du Nord. La quatrième porte est le séjour des guérisons. Elle est gardée par un chef appelé « Padiel ». C’est de là que sortent toutes les guérisons du monde, et c’est là que montent les prières de tous les malades et de tous ceux qui souffrent et qui peinent. C’est le chef mentionné qui fait monter ces prières à Dieu. C’est cet ange qui est désigné sous le nom d’ « Ange défenseur entre mille », parce qu’il est entouré de mille autres anges. Cette porte ouvre sur l’Occident. Les âmes, lorsqu’elles sont trouvées dignes, entrent par cette porte où elles sont recueillies par un esprit pur du nom de « Zahariël », né de la semence sacrée qui coule comme de l’huile du monde d’en haut et qui est appelée « lumière », ainsi qu’il est écrit : « J’ai préparé la lumière à mon oint. » Les âmes sont ointes par le chef « Adiel » avant de passer par le « fleuve de feu ». Et ensuite elles sont offertes en holocauste. La lumière sortant de cette porte est un composé de trois lumières unies, car la semence d’en haut est composée de trois couleurs. De cette lumière sortent vingt-deux rayons auxquels correspondent les vingt-deux lettres de l’alphabet dont les âmes sont marquées. Ces rayons [249b] donnent naissance à un saint Hayâ ayant la forme d’un lion et d’un aigle à la fois et appelé « Athiel ». Au-dessus de ce Hayâ, existent quatre roues gouvernées par les quatre anges pourvus chacun de huit ailes et appelé « Hadriël », « Jahadriël », « Ahadouri », et « Asimona ». Ces anges sont les chefs de la guerre. Jamais guerre ne se fait ici-bas sans que les étoiles ou autre corps célestes préposés à la garde des nations belligérantes ne se déclarent la guerre entre eux. Du troisième palais du côté impur sortent deux esprits appelés « Aph » et « Hemâ » qui donnent naissance à tous les autres esprits impurs qui parcourent le monde pour séduire les hommes et les détourner de la voie de la vérité. Ils se jettent surtout sur l’homme qui se met en route pour accomplir une bonne oeuvre. Quarante esprits impurs s’appliquent à faire prononcer aux hommes des paroles impures et ordurières. Un tel homme est mis au ban pour quarante jours pendant lesquels sa prière ne monte pas au ciel. Une voix retentit dans tous les cieux disant : Gardez-vous d’un tel ; car il est mis au ban pour avoir prononcé une parole ordurière, imprimant une tache à son âme qui ne s’efface que par la pénitence. Que Dieu nous préserve d’un tel homme ! Même pendant le sommeil, l’âme d’un tel homme ne s’élève pas en haut; car les portes du ciel lui sont fermées. La roue qui tourne autour de ces quarante esprits arrive dans sa course à la région appelée « Thaha-ratzim ». Là sont placés les anges appelés « Haschmalim », qui sont pourvus d’armes pour défendre Israël contre [250a] les peuples païens. De là le nom de « ha-ratzim » qui signifie « courir », parce que cette roue parcourt de nombreuses légions offrant tantôt un spectacle joyeux et tantôt un spectacle de tristesse, tel que les coureurs d’Assuérus apportent à Suse tantôt de bonnes et tantôt de mauvaises nouvelles. Dans ce palais, tournent douze roues conduites par des Seraphim de deux couleurs, blanc et rouge, clémence et rigueur. Heureux le sort de ceux dont la prière parvient jusqu’à ce troisième palais; car d’ici on la transmet au quatrième où elle paraît devant le Saint, béni soit-il. L’Écriture désigne la magie sous le nom de « Haber », qui signifie également « ami », parce que l’homme qui pratique la magie s’attire l’esprit impur et se l’attache comme un ami. Mais cet ami se change bientôt en exterminateur; il prive l’homme de bénédictions et en cause la mort. Mais il y a aussi un ami du côté saint qui comble l’homme de bienfaits en ce monde et dans le monde futur. Cet ami est le chef des anges [250b] appelé « Erelim ». Ces anges enregistrent les bonnes oeuvres des hommes ainsi que le bonnes actions qu’on s’est proposé de faire, mais qu’on a été empêché d’exécuter. Ils rappellent en haut les voyages qu’on fait pour une bonne cause, ainsi que les honneurs rendus aux morts. Ils rappellent enfin les mauvaises actions qu’on avait l’intention de faire, mais dont on s’est abstenu en domptant l’esprit tentateur. Quand, le premier jour de l’an, il s’assoit dans son tribunal, Dieu regarde à travers les fenêtres du ciel par où arrive la clémence en ce monde. « Heureux le peuple qui sait sonner de la trompette ! » [251a] Car c’est, la sonnerie de la trompette du dernier jour de l’an qui brise la rigueur. Le chef préposé aux fenêtres du ciel porte le nom « Ichiriel » ; il laisse monter dans la maison de prière d’en haut les voeux formés par tous ceux qui sont touchés de compassion pour la misère des pauvres.
Quatrième Palais.
Le quatrième palais sert au jugement favorable et défavorable ; un y décrète des récompenses pour les justes et des punitions pour les coupables. Il se subdivise en quatre palais de diverses formes, mais qui portent tous le nom du palais. Il est gardé par un esprit appelé « Zacouth-El », et le palais porte le même nom. Les quatre subdivisions du palais sont gardées par quatre anges, dont deux y sont chargés d’apporter les récompenses aux justes, et les deux autres d’apporter les peines aux coupables. Le premier esprit préposé aux récompenses porte le nom de « Zacouth » et est marqué de trois lettres Yod, Hé et Vav, quand ces lettres s’unissent [25lb] comme mâle et femelle, elles impriment la marque mentionnée à l’esprit. Ce palais est pourvu de quatre portes. La première est gardée par le chef « Gazriël » qui fait connaître les décrets célestes au chef inférieur « Sansania ». La voix de ce chef est parfois entendue par certains esprits qui descendent ici-bas pour faire connaître aux hommes les décrets d’en haut. Ils les font connaître en songe, lorsqu’il s’agit d’événements qui arriveront à bref délai. Ces visions sont parfois nécessaires aux rois d’ici-bas chargés de conduire et de guider les peuples. Tant qu’il y eut des prophètes en Israël, c’était la prophétie qui guidait les hommes; maintenant, ce sont les visions en songe qui y suppléent. À cette porte se tiennent également les les gardiens chargés de garder les hommes, de veiller sur eux et les préserver des attaques du démon et de tout accident. D’autres anges sont chargés de venir en aide à ceux qui ont pris la résolution de se convertir. Car le démon a également des esprits chargés [252a] d’entraîner dans la souillure ceux qui ont pris la résolution de mener une mauvaise vie. À la deuxième porte se tient le chef « Dahariel »; il se tient du côté droit et est chargé de faire monter toutes les bonnes oeuvres des hommes. À la troisième porte se tient le chef « Gadïel »; il se tient du côté gauche et est chargé de faire monter les péchés et les mauvaises actions des hommes. À la quatrième porte se tient le chef « Mazuia » préposé à la garde de la balance sur les plateaux de laquelle on met les bonnes et les mauvaises actions. Chacun des plateaux est surveillé par un autre ange. Ce chef a quarante jours pour procéder au pesage des oeuvres. Aussi les prières que l’homme adresse au ciel ne sont-elles prises en considération qu’au bout de quarante jours ; si ces bonnes oeuvres font pencher la balance, ses prières ont exaucées ; sinon, elles sont repoussées. Au-dessous de ce chef [252b] se tiennent quatre Seraphim brûlants : « Saraphel », « Baraquel », « Qarischiel », « Qadoumia ». Ils sont placés dans les quatre directions du monde. Lorsqu’ils se meuvent, ils projettent des gerbes de feu qui font tourner soixante-douze roues d’où sort le « fleuve de feu ». De nombreuses lumières s’échappent de ces roues et sont répandues à profusion par des millions d’anges. Chacun reçoit une part de lumière proportionnée à sa manière d’être assis à table. C’est dans le quatrième palais qu’on décide de tout excepté des trois choses suivantes : enfants, moyens d’existence et vie. Car ces trois choses dépendent du « sort ». Les malades y sont également jugés ; si l’on décide que la malade vive [253a], il reçoit la vie du monde d’en haut.
Le Cinquième Palais.
Le cinquième palais éclaire les palais inférieurs. Ce palais est éclairé par la Foi. Il est pourvu d’une seule porte gardée par un chef appelé « Synigouriâ », chargé de plaider en faveur des hommes devant leur Maître et de les soustraire au pouvoir de l’ « Autre côté ». Dans ce palais se trouve également un esprit composé de quatre esprits. Il a quatre couleurs : blanc, noir, jaune et rouge. Il porte le nom de « Souria ». Il est à la tête des autres esprits. Il est dans le secret de son Maître, et tous les trésors d’en haut lui sont confiés. Il porte aussi le nom d’ « Amour », et c’est pour cette raison que le cinquième palais porte le nom de « palais d’amour ». Depuis le jour de la destruction du sanctuaire, aucune âme n’a pénétré dans ce palais; et quand les âmes qui s’y trouvent enfermées seront toutes, jusqu’à la dernière, descendue sur la terre, le Roi Messie viendra et fera l’union du palais d’en haut avec le palais d’en bas; il fera l’union entre « El » et « Schadaï ». C’est de ce palais que vient la lumière appelée « épée tournante » [253b] parce que la lumière tourne dans toutes les directions. Quand la famine désole à terre, c’est ce palais qui ouvre ses portes pour faire descendre la nourriture aux hommes. Le chef préposé à ce palais a sous ses ordres de millions d’anges dénommés les uns « la vigne », les autres « les dattes », d’autres encore « les figuiers », etc., tous chargés de plaider la cause des hommes.
Le Sixième Palais.
Le sixième palais est appelé « Palais de la clémence », car c’est ici qu’on cueille les prières et les voeux des hommes. Ce palais est de six portes dont quatre sont disposées aux quatre directions du monde, une en haut et une en bas. Le préposé à la garde de ces portes porte le nom de « Raziël »; il a la garde de tous les mystères suprêmes qui n’ont prononcé que de bouche à bouche lorsque les degrés célestes s’unissent et s’embrassent. Ces mystères ne seront jamais révélés. Seulement quand les portes de ce palais s’ouvrent, tous les esprits et toutes les légions d’anges savent que c’est le moment de la Clémence. [254a] Au côté sud du palais, on voit une grande lumière qui couvre tout le monde; c’est Michel, le grand avocat d’lsraël. Toutes les fois que l’ « autre côté » fait un réquisitoire contre Israël, Michel prend sa défense et le préserve ainsi des atteintes de son ennemi. Au moment de la destruction de Jérusalem, la culpabilité d’Israël était si grande que le plaidoyer de Michel ne put pas prévaloir contre le réquisitoire du démon. Au côté nord du palais, on voit une lumière. C’est Gabriel qui apporte le mal et son remède à la fois. Du côté est du palais, on voit une lumière. C’est Raphaël qui apporte les remèdes à tous les maux. Enfin la lumière du côté de l’ouest c’est « Nariël » qui est la synthèse des trois lumières précédentes. À ces quatre lumières correspondent [254b] les quatre éléments du monde ici-bas. Ces lumières se subdivisent en d’innombrables lumières inférieures. Chacun ici-bas reçoit la lumière conforme à sa manière de vivre. Le zélé, le prophète, les maîtres de la Loi reçoivent leurs lumières de ce palais. Bien que la lumière soit toujours la même, elle n’arrive pas d’égale façon à tous les hommes. La conduite menée ici-bas est le canal par où coule la lumière. Si le canal est propre, la lumière arrive pure; elle arrive trouble quand le canal est obstrué de terre. De là vient qu’une même lumière étant perçue par plusieurs hommes, chacun la voit d’autre façon [255a]. L’un y trouve la joie et l’autre la tristesse, l’un la vie et l’autre la mort, l’un le bien et l’autre le mal, l’un le paradis et l’autre l’enfer. Ce palais est la quintessence de tous les autres.
Dans le premier palais, l’esprit que nous avons mentionné et les Hayoth qui en dépendent, sont appuyés contre huit piliers disposés par deux, dans chacune des quatre directions. Les piliers du Tabernacle correspondaient aux huit piliers du palais. Outre l’esprit mentionné, il y en a un autre, du nom de « Qariel ». Au-dessous de celui-ci sont placés douze mille autres chefs. Contre les piliers du côté sud sont appuyés les anges « Sahadiël » et « Satriel » dont chacun a douze mille chefs sous ses ordres. Ils sont chargés de peser sur la balance les mâles et les femelles, c’est-à-dire de peser le mérite des conjoints. [255b] Lorsqu’il arrive parfois qu’un des plateaux de la balance penche d’un côté, ils font en sorte de le remettre en équilibre. Les anges appuyés contre les deux piliers du Nord sont « Pathiël » et « Atriel ». Eux aussi sont à la tête de douze mille autres chefs. Les anges appuyés contre les deux piliers de l’Ouest sont « Padathiel » et « Thoumihaël ». Tous ces anges versent des larmes amères lorsqu’un homme divorce d’avec sa première épouse, parce que le divorce provoque la séparation des sept bénédictions d’en haut. Au moment où les anges pleurent, une voix céleste fait entendre ces parole : Où est l’acte de divorce par lequel j’ai renvoyé votre mère ! » Le deuxième palais a également des piliers comme le premier. Les anges préposés à l’abondance sont appuyés contre ce pilier. Les deux anges placé à l’Est sont appelés « Ibadiel » et « Gezouriah. » Les deux anges placés au Sud sont appelés « Ahariel » et « Bariel ». Chacun d’eux commande douze mille chefs et ils sont chargés de veiller sur les femmes en couches. Ceux du Nord s’appellent « Halhiel » et « Qraspihaël », ceux de l’Ouest « Sougadia » et « Guedariah ». Chacun d’eux commande aussi à douze mille chefs. Ils sont également chargés de la garde du sang de l’alliance. Quand la Rigueur sévit dans le monde, Dieu apaise sa colère lorsqu’il jette un regard sur ce sang. Le troisième palais a également huit piliers contre lesquels sont appuyés des anges. Ceux du côté sud sont appelés « Schaeniel » et « Azouziâ », ceux du côté est « Jehodia » et « Ezriël », ceux du côté nord « Azpiel » et « Qatatriaël » [256b] enfin ceux du côté sud « Asasniâ » et « Adiririâ ». Chacun d’eux commande douze mille chefs. Ils sont chargés de veiller sur ceux qui transgressent les commandements de la Loi et en négligent l’étude. Le quatrième palais a plus de lumière; il a trente-deux piliers et cinq cent mille anges conduits par les quatre chefs « Hasdiel », « Qâsiriâ », « Qadoumiâ » et « Dahariel ». Ils sont chargés de veiller sur ceux qui se consacrent jour et nuit à l’étude de la Loi. Dans le cinquième palais se trouvent trois cent soixante-cinq chefs correspondant aux jours de l’an. Ils sont conduits par les quatre chefs « Qarschihaël », « Tarsilaël », « Assiriâ », « Qadmiel ». Ils ont pour mission de répandre la gaieté dans le monde et de verser du baume dans les coeurs brisés et les âmes attristées. Ils arrivent dans ce monde en même temps que les âmes supplémentaires qui descendent à chaque veille de Sabbat. Le sixième palais est supérieur à tous les autres ; le nombre des piliers y est de cent du côté droit et de cent autres du côté gauche. Les chefs du côté droit sont « Malachiel », « Schamaïel », et ceux du côté gauche sont « Massarsaniâ », « Zaphzaphiâ ». [256b] Heureux le sort de celui qui connaît les mystères de son Maître ! Car il en jouit en ce monde et dans le monde futur. Le palais mentionné sert d’intermédiaire entre le monde d’en bas et celui d’en haut. Jacob en était l’image. Pour unir l’esprit d’en bas à l’esprit d’en haut, il faut faire intervenir un esprit intermédiaire qui embrasse l’un et l’autre, ce qui équivaut à l’union de deux esprits extrêmes. Cet esprit intermédiaire procède des deux autres esprits ; car le désir ardent qu’éprouve l’esprit d’en bas d’approcher de l’esprit en haut donne naissance à un troisième esprit. Celui qui est dans les ténèbres désire toujours approcher de la lumière; de même, la flamme noire d’en bas désire toujours approcher de la flamme blanche d’en haut. C’est ce mystère qui est exprimé dans les paroles de l’Écriture : « O Élohim, ne garde pas le silence, ne te tais pas et ne reste pas immobile. » Lorsque Jacob pénétra dans ce sixième palais, il invoqua le Nom sacré d’en haut par le terme Jélovah. Cependant, le terme ne désigne pas la totalité ; le Nom complet, c’est « Jéhova Elohim »; tant que ces deux ne sont pas unis, les palais d’en haut ne sont pas unis non plus et ne portent pas le Nom complet, Quand Jéhovah et Élohim sont unis, la lumière la plus élevée descend et se répand sur tout pour opérer l’union en toute chose. Les quatre épouses de Jacob étaient l’image des quatre chefs célestes placés dans le sixième palais. C’est donc ce palais qui présente les mamelles du monde céleste, et c’est pour cette raison qu’il porte le nom de « Schadaï ». [257a] Le monde ne fut pas affermi jusqu’à ce qu’Abraham pénétrât dans ce palais. C’est pourquoi Dieu a dit : « Je me suis révélé à Abraham sous le nom de Schadaï. » C’est dans ce palais qu’est gravé le Nom sacré Élohim. Car il y a trois Élohim : l’Élohim vivant en haut, caché et mystérieux, l’Élohim qui juge en haut, et l’Élohim qui juge ici-bas, ainsi qu’il et écrit : « Il y à Élohim qui juge sur la terre. » L’Élohim vivant d’en haut embrasse les deux Élohim inférieurs et tous trois ne font qu’Un. Isaac pénétra également dans ce palais. Les soixante-douze rayons qui en sortent brisent toutes les rigueurs du monde ici-bas. C’est dans ce palais que sont exposées les sentences prononcées par le tribunal d’Israël. C’est pour cette raison qu’il est défendu aux Israélites de porter leurs causes et leurs litiges devant les tribunaux païens ; car les sentences de ceux-ci ne sont pas exposées dans le palais céleste. [257b] Heureux le sort d’Israël à qui Dieu donna la Loi pour le faire marcher dans la voie de la vérité ! Remarquez que le juge doit toujours pencher du côté de la défense en cherchant des circonstances atténuantes en faveur du coupable ; c’est ainsi que procédait le Sanhédrin. Car le démon s’empare de tout jugement qui n’est pas mitigé de circonstances atténuantes. C’est pourquoi le premier jour de l’an, on ajoute la défense au réquisitoire. Les quatre genres de mort infligés par le Sanhédrin étaient la lapidation, le supplice du feu, la décapitation et la strangulation. Le démon s’empare de tous ces jugements de condamnation à mort. Le démon qui s’empare du cadavre fixé sur la croix est appelé « imprécation d’Élohim ».
Les prophètes qui constituent les deux cuisses du monde d’en haut, en ce sens qu’ils portent la Loi sacrée, puisent leur lumière dans le palais où se trouvent les deux esprits « Lueur » et « Lumière éclatante ». De même que la loi écrite, la loi orale a sa cuisse ; ce sont ceux qui se consacrent à l’étude de la Mischna et de la Baraïtha. [258a] En raison des péchés d’Israël, l’éclat du deuxième temple n’était pas celui du premier. Et lorsqu’Israël poussa son iniquité jusqu’au comble, il fut également chassé du deuxième temple ; et la Loi, qui était appuyée contre les piliers du palais d’en haut, disparut d’ici-bas ; ce n’était plus les cuisses qui portaient la Loi, mais les pieds. L’initié qui sait pénétrer les grands mystères peut découvrir la durée de l’exil présent ; c’est pour cette raison que tous les auteurs de Baraïthoth, tous les Thanaïm et tous les Amoraïm, sont classés d’après leurs mérites, bien que leurs sentences soient toutes comprises sous le nom de « loi orale ». Joseph le Juste s’est attaché à la Colonne au milieu qui soutient le monde. Cette Colonne est placée dans le palais appelé « Saphir blanc ». C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et le Juste est le fondement du monde », Car tout ce qui existe dans le monde est basé sur lui. [258b] Remarquez que l’Écriture dit : « Et Jéhovah Élohim forma la côte ». Dieu plaça devant l’homme ce qui primitivement était derrière lui. En formant la femme, et en la mettant face à face avec l’homme, Dieu avait en vue le Juste ; il voulait que l’union entre le mâle et la femelle s’opérât de la même façon que l’union de Jéhovah avec Élohim, sans aucune sensation charnelle et impure, afin que le démon ne pût y avoir aucune prise. Mais Eve pénétra dans le sixième palais du démon, séjour de tous les vices et de tous les plaisirs de la chair ; elle en goûta et elle fut séduite, ainsi qu’il est écrit : « Et la femme vit que les fruits de l’arbre étaient agréables à manger, etc. » Car il y a des plaisirs du corps qui ne réjouissent point l’âme, et des plaisirs de l’âme qui ne délectent point le corps. L’union de Jacob avec ses femmes était semblable à l’union de Jéhovah avec Élohim ; c’était le plaisir de l’âme, et non pas celle du corps. C’était également le mystère des deux temples : le dernier constituait le plaisir de l’âme, et le second celui de la chair.
Le Septième Palais.
Le septième palais est au centre des autres. Il est le plus mystérieux de tous; car il n’a ni forme, ni image. C’est de là que sortent les canaux célestes qui répandent la lumière dans toutes les directions. C’est le Saint des saints, c’est le but final des âmes. [259a] Un rideau sépare ce palais; et, derrière le rideau, il y a un endroit secret et caché qui contient le semen suprême, l’esprit de vie qui est communiqué aux mondes inférieurs au moyen du fleuve qui en sortent dont les eaux ne cessent jamais de couler. Quand le semen sacré sort du Saint des saints, le fleuve le descend et se jette dans les canaux qui en sont fécondés, comme la femelle est fécondée par le mâle. Toutes les âmes saintes et tous les esprits descendus en ce monde sont arrêtés à leur retour dans ces canaux. Ils y resteront jusqu’à l’avènement du Roi Messie, alors ils retourneront à leur place primitive tour délecter le Saint, béni soit-il, ainsi qu’il est écrit : « Le Seigneur se délectera avec ses oeuvres. » Ce palais est le séjour des joies célestes où a lieu l’union du monde d’en bas avec celui d’en haut, où a lieu l’union du mâle et de la femelle. Ce palais porte le nom d’ « Arche de l’Alliance », car c’est d’ici que sont sorties toutes les âmes. Deux ont connu [259b] l’Arche de l’Alliance : Jacob et Joseph. C’est en opérant l’union céleste dans ce palais que Jacob remplit les mamelles célestes d’où coule l’esprit de vie en ce bas monde. Remarquez que, quand, tous les esprits sacrés, tous les palais et tous les chars s’unissent ensemble au point de ne former qu’une unité, ce corps unique est animé par l’Esprit suprême qui est le Point caché. La noix est l’image des palais unis. Quand la fumée s’éleva au-dessus de l’autel, l’union des palais célestes s’opéra. [260a] C’est au moment de l’union qu’il convient d’adresser sa prière au ciel. Ce palais est animé par un esprit ; c’est un point caché. Mais ce point est animé par un autre esprit supérieur formant également un point. Et quand un esprit anime l’autre esprit, l’union céleste est parfaite, semblable à la greffe des arbres. Malheur à celui qui greffe une branche sur un arbre étranger ! C’est pourquoi l’Ecritre dit : « Et Jéhovah Élohim forma l’homme. » C’est le Principe mâle uni au Principe femelle. « Jéhovah Élohim homme », voilà le nom complet, « Homme » est l’oeuvre du Char ; il est greffé sur Élohim, et Élohim est greffé sur Jéhovah. Le monde ici-bas est formé sur le modèle du Char d’en haut. Le Char est entouré de quatre Hayoth, et le monde ici-bas est entouré des quatre lettres formant le nom « Adonaï ». Le Nom sacré de quarante-deux lettres prononcé par le Grand-prêtre dans le Saint des Saints n’est que l’explication du nom de neuf lettres (Jéhovah et Élohim réunis). Ce mystère est connu des grands saints [260b] qui savent combiner les lettres du Nom divin à l’exemple du Grand-prêtre. Telle est la signification de la vision d’Ézéchiel où des mains d’hommes apparaissent au-dessous des ailes des Hayoth. Les « mains d’homme » désignent la région où monte la prière des hommes et où sont faites les révélations des noms sacrés qui régissent tous les degrés.
Dans la liturgie récitée tous les matins avant la prière des dix-huit bénédictions, on fait allusion à ces sept Palais. Les mots : « …Qui crée la lumière et les ténèbres » désignent le premier palais. Les mots : « Le Dieu béni et de grand savoir… » désignent le deuxième palais. Les mots : « …Chanter des louanges au Dieu béni » désignent le troisième palais. Les mots : « … Qui dans sa bonté renouvelle chaque jour l’oeuvre de la création » désignent le quatrième palais. L’ « Amour éternel » désigne le cinquième palais. Les mots : « …Véridique et équitable » désignent le sixième palais. Les mots : « Seigneur, ouvre mes lèvres… » désignent le septième palais. [261a] Le septième palais est supérieur à tous, parce qu’il renferme la source de vie d’où émane la bénédiction. Tous les Hayoth, tous les Seraphim et toutes les roues ne peuvent arriver que jusqu’au sixième palais. Ils ne connaissent pas les lumières du septième; ils n’en voient que le reflet visible dans le sixième. Le mot « atha » désigne la lumière qui sert de trait d’union entre le septième palais et les palais inférieurs. C’est cette lumière à laquelle font allusion les paroles de l’Écriture : « C’est avec cela (Zeh) que la jeune fille allait trouver le roi ; on lui donne tout ce qu’elle demande » La jeune fille désigne « Atha », à qui le Roi suprême ne refuse rien. C’est dans le septième Palais que le Roi se pare des couronnes que lui ont tressées les patriarches.
[261b] C’est en raison de ce caractère d’ « Athah » que le nom Élohim est modifié en celui d’ « Acdatam » et que le nom de Jéhovah se transforme en celui de « Couzou ». C’est à cette modification des noms sacrés que font allusion les bénédictions « Bouclier d’Abraham , « qui réveille les morts », « Dieu saint », etc. Heureux l’homme qui connaît la signification de la prière ! Car tous ses voeux seront exaucés. L’homme doit savoir que, quelque invraisemblable que cela paraisse, le monde ici-bas est uni au monde d’en haut, de même que le feu est uni à l’eau et inversement, le Sud au Nord et inversement, l’Est à l’Ouest et inversement. C’est en faisant la prière de manière convenable que l’homme est jugé digne du don de la prophétie ou de visions [262a] révélées par des songes dans la nuit. La liturgie « Nous avouons » est une allusion aux révélations des anges, puisqu’on y parle de visions. Les noms sacrés « El », « Élohim» se transforment également en « Bam », « Bemoucan ». Tous les noms sacrés dérivent des trois noms « El », « Élohim», « Jéhovah », trois qui ne font qu’Un. Il aurait mieux valu à l’homme de ne pas naître que de réciter des prières sans en comprendre la signification. Après la prière l’homme doit confesser ses péchés, afin que l’ « autre côté » n’ait plus de prise sur lui. Par la confession, on fait monter sa prière au ciel et on révoque les peines décrétées par Dieu. La confession, c’est la part donnée au démon impur. [262b] Si l’homme ne se confesse pas, le démon s’empare des péchés qui lui donnent un ascendant sur l’homme. Mais ,si, dans la prière qui provoque l’union d’en haut et qui attire les bénédictions en haut et en bas, on confesse tous ses péchés, le démon prend les péchés comme sa part. C’est le mystère du bouc émissaire sur lequel le prêtre devait confesser tous les péchés d’Israël. Mais malheur à l’homme qui, après la confession, retombe dans le vice ! Car il semble alors vouloir arracher au démon la part qu’il lui avait accordée, puisqu’il lui a donné ses péchés pour sa part. Tel est également le mystère des sacrifices offerts. À côté de la part offerte à Dieu, on offrait aussi sa part au démon. Tel est le sens des paroles de l’Écriture : « Si ton ennemi est affamé, fais-lui manger du pain. » Les paroles suivantes de l’Écriture peuvent servir de mnémonique é cette sentence « Que le Roi vienne avec Aman au festin. » La prière doit unir la pensée, la volonté du coeur et la voix ou la parole, pour représenter ainsi l’union d’en haut.
Continuer avec la partie concernant les Palais du côté impur.
Traité des Palais de Zohar II – folio 244a à 269a
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