OLAM, un voyage mystique au cœur de quatre lettres hébraïques par Gahl Sasson.
« 2-2 Vingt-deux lettres fondamentales : Il les a gravées, sculptées, permutées, pesées, transformées. Avec elles, il a représenté tout ce qui a été formé et tout ce qui sera formé. » Sepher Yetsirah.
« Ot » en hébreu signifie « lettre », mais également « signe », « un miracle » ou « présage ». La littérature kabbalistique souligne l’importance des lettres hébraïques qui sont considérées être les briques de la construction du cosmos, l’ADN avec lequel Dieu créa l’univers. Les lettres hébraïques sont la représentation symbolique des 22 énergies archétypales dont la combinaison crée ce qui est, était & sera. Ces lettres sont comme des couleurs énergétiques primordiales que Dieu utilise sur le canevas cosmique de la vie.
Regardons plus avant le mot hébreu « Olam » qui signifie « monde » & voyons comment chaque lettre nous enseigne un message d’unité.
La première lettre est Ayin (ע) qui signifie « œil » en hébreu. Le grand enseigneur Shamuel haKattan nous dit que l’œil est une réplique du monde : la cornée (la zone blanche) correspond à l’océan ; l’iris représente la terre ; la pupille est Jérusalem & l’image de l’observateur qui est reflétée dans la pupille est le Temple. Ainsi, chaque fois que vous regardez dans l’œil d’un être humain, votre image, reflétée dans son œil (Ayin) est la partie la plus sainte de l’être intérieur. Ils disent que les yeux sont les miroirs de l’âme. Tandis que vous regardez dans les yeux de quelqu’un d’autre, vous voyez son âme, ce qui est similaire & divin en nous tous. Selon le Sepher Yetsirah, Ayin règne sur le Capricorne, un signe de terre. Et bien sûr, notre monde (Olam) est ainsi appelé Terre.
La valeur de Ayin par guématria est 70. Septante est un nombre saint : 70 nations proviennent de Noé, 70 langues de la Tour de Babylone & la Torah fut traduite en 70 langues. Le Maharal dans Gevuros dit que dans le monde (Olam) à venir les septante nations pour qui furent offerts des sacrifices dans l’ancien Temple reconnaîtront HaShem comme Dieu Unique du Monde.
La seconde lettre est le Vav (ו). Vav signifie « clou ou doigt », ce qui unit deux objets séparés & qui enseigne la leçon de l’unité. Le Vav est également utilisé comme préfixe de conjonction. Nous disons Ish ve-Isha, l’homme & la femme. Le Vav est également utilisé pour unir le temps ! Il est alors appelé Vav conversif. Chaque fois que le Vav est utilisé comme préfixe dans les écritures, il change le temps du verbe du passé vers le futur et vice versa. Par exemple, la version française de Genèse I, 6 est « Et Dieu dit » mais en hébreu c’est « VaYomer Elohim ». Sans le préfixe Vav, cela se traduirait par « Il dira », mais par l’ajout du Vav, la signification devient « Il a dit » (passé). Le Vav nous montre l’intemporalité de l’unité dans le monde. Il n’y a pas d’opposé, pas de polarité si tout est Un. Vav est dirigé par le Taureau, le signe qui est censé représenter la Mère Nature & la Terre.
La lettre suivante est le Lamed (ל) qui est localisé précisément au centre de l’alphabet hébreu, ce qui nous enseigne l’équilibre. Lamed signifie à la fois « enseigner » & « apprendre ». C’est le véritable équilibre entre enseigner & apprendre, car l’on apprend en enseignant et vice versa. Le signe de la Balance est dirigé par le Lamed.
Cette idée de reflet parfait nous mène vers la dernière lettre du mot Olam, le Mem (מ) qui se traduit par « eau ». L’eau reflète les images de manière parfaite & non déformée. Lorsque les eaux sont turbulentes, troublées par des pensées égoïstes, alors les images sont déformées. Le Mem est une lettre maternelle, féminine & nourrissante & elle scelle le mot Olam d’un baiser humide. L’eau, après tout, couvre les deux tiers de ce monde, cet Olam & elle est le symbole du sentiment & de la compassion.
La valeur numérique de Mem est 40, ce qui est signalé par les Écritures comme la période de temps nécessaire pour mener à bien un processus de finitude. Quarante ans dans le désert, une génération dure quarante ans, le déluge a duré quarante jours, Moïse a médité sur le Mont Sinaï pendant quarante jours, et ainsi de suite. Mem nous enseigne que nous devons être patients dans notre ascension spirituelle vers l’unité. Ceci serait possible de nos si nous donnions une chance à l’Olam : placer les autres dans notre temple intérieur (Ayin), travailler à unir les oppositions extérieures & intérieures (Vav), apprendre à enseigner & enseigner à apprendre (Lamed) & s’immerger dans l’essence purificatrice des eaux de la compassion (Mem).
Tous pour Un & Un pour tous.
Et toujours avec Jacob Böhme : « L’âme est un oeil (ayin) de feu (esh) en quoi Dieu se génère »…