Le Prêtre-Roi Melchisédech par Emile Besson.
… Derrière Moise se tient le prêtre sans parents, le roi de justice, Melchisédech, fils du Soleil rouge
… Par Melchisédech et par Moïse parviennent aux créatures les bénédictions qui les guérissent.
Sédir : le Sermon sur la Montagne.
Depuis des temps immémoriaux, cette énigmatique figure, qui apparaît dans l’Ancien Testament pour disparaître aussitôt, a maintenu en éveil la sagacité des exégètes et alimenté la méditation des esprits religieux. Le but de cette notice est simplement d’exposer les quelques renseignements que l’Ecriture et la Tradition fournissent à son sujet.
Melchisédech est mentionné à trois reprises dans la Bible.
1 Au chapitre XIV de la Genèse, il est dit que Melchisédech, roi de Salem et sacrificateur de Dieu, bénit Abraham, victorieux de ses ennemis,
2 Au psaume CX, verset 4, il est écrit : Le Seigneur a juré et il ne s’en repentira pas: Tu es prêtre éternellement, à la manière de Melchisédech.
3 Dans l’épître aux Hébreux, il est déclaré que Melchisédech est la préfiguration du Christ Lui-même.
Extraordinaire assurément était cet être devant la bénédiction de qui s’inclina le Père des croyants , Celui qui avait été si souvent béni de Dieu et en qui toutes les nations de la terre devaient être bénies. Cornelius a Lapide pense qu’il est descendu du Ciel pour bénir Abraham et qu’il y est ensuite remonté puis, qu’après cette bénédiction, l’Écriture ne fait plus mention de lui jusqu’au temps du roi David. Le nom qu’il portait et qui signifie roi de justice, doit être pris dans son acception plénière, absolue, car seul
un être parfaitement saint pouvait être appelé directement par Dieu à la vocation d’un sacerdoce ne relevant d’aucun pouvoir humain.
La Genèse nous apprend en effet qu’il était prêtre du Dieu souverain; mais il est significatif de constater que le livre saint, où l’on trouve indiquée avec tant de précision la succession des prêtres de la famille d’Aaron, ne parle pas de successeurs de Melchisédech. Au reste la déclaration du psaume: Tu es prêtre éternellement à la manière de Melchisédech montre bien que le roi de Salem est nommé ici non comme le chef mais comme le type d’un sacerdoce sans analogie dans l’Ancienne Alliance.(Cf. S. Thomas d’Aquin : Somme III quest. XXII. 6.)
Melchisédech est donc la préfiguration du Christ Lui-même, qui sera, Lui aussi, Roi et Sacrificateur. Et, pour ôter de notre esprit toute incertitude touchant cette manifestation mémorable, l’auteur du récit sacré prend soin de préciser le lieu où le pontife-roi donna à Abraham sa sur-éminente bénédiction. La rencontre eut lieu au nord de Jérusalem, exactement entre la ville et le tombeau des juges, qui en est distant d’à peine 3 kilomètres, près de l’endroit où passe actuellement la route de Jérusalem à Naplouse. C’est là que le prêtre de Salem, avant de bénir Abraham, offrit à Dieu le pain et le vin, préfiguration de la Cène que le Fils de Dieu devait célébrer plus tard dans cette même cité.
Et l’on comprend que l’apôtre, écrivant aux Hébreux, leur déclare qu’il aurait, touchant, ce Melchisédech, beaucoup à dire et des choses difficiles à expliquer. Et voici les seules qu’il consente à leur dévoiler, à cause de leur lenteur à comprendre : Outre la royauté de la justice et de la paix, Melchisédech est sans père ni mère, sans généalogie, il n’est d’ailleurs pas de même race qu’Abraham, ses jours n’ont pas de commencement ni sa vie de fin, il est semblable au Fils de Dieu, et il demeure prêtre éternellement.
Tel est cet être, préfiguration du Christ et même semblable au Fils de Dieu né d’une façon surnaturelle puisqu’appartenant à une autre race qu’Abraham, engendré avant les temps comme le Christ, sans descendance comme le Christ et, comme le Christ, vivant à jamais, prêtre d’un pontificat perdurable et parfait, puisqu’il a plu au Christ d’être prêtre selon cet ordre.
Et l’on comprend que la méditation revienne inlassablement sur cet être dont la grandeur nous domine et dont le mystère nous attire. Les uns ont pensé que Melchisédech était le Christ Lui-même apparu à Abraham sous forme humaine; les Hiéracites ont vu en lui l’incarnation du Saint-Esprit; Origène et Didyme ont cru qu’il était un ange. Les Samaritains, au dire d’Épiphane, déclaraient que Melchisédech était Sem, le fils de Noé. Il y eut de bonne heure une secte gnostique appelée Melchisédéciens, sur l’origine et la doctrine de laquelle nous ne savons pour ainsi dire rien; ils se rattachaient à Théodote le changeur qui niait la divinité de Jésus et enseignait qu’au moment du baptême le Christ était descendu en Jésus; et ces Melchisédéciens donnaient la prééminence à Melchisédech sur le Christ.
Pour Catherine Emmerich, Melchisédech était une sorte d’ange sacerdotal chargé de préparer le grand-oeuvre de la Rédemption. Saint Yves d’Alveydre le présente comme le survivant au temps d’Abraham de l’ancienne Église universelle du Bélier, de Ram, détrônée par l’Église du Taureau, d’Irschou. Les Rose-Croix du XVIIe siècle ont rangé Melchisédech avec Enoch, Moïse, Élie et d’autres parmi leurs ancêtres.
Une autre tradition, plus strictement chrétienne, voit en l’épisode de Melchisédech une de ces manifestations soudaines de l’être qui, sur la terre, tient la lieutenance du Christ. D’ordinaire il vit dans l’obscurité; mais il en sort quand il voit la nécessité d’une intervention publique. Avec Abraham commence en effet la sélection du peuple dans lequel devait prendre corps le Verbe, peuple profondément matériel et dur et strictement formaliste. Il fallait que, dès cette époque, fût signifié le caractère unique de liberté, de spiritualité pure, d’indépendance formelle qui est celui de la mission du Sauveur.
Le Christ doit-il être appelé prêtre selon l’ordre de Melchisédech ?
Objections :
1. Le Christ, comme prêtre principal, est la source de tout sacerdoce. Or ce qui est principal ne peut suivre l’acte d’autrui, c’est aux autres de suivre le sien. Donc le Christ ne doit pas être appelé prêtre selon l’ordre de Melchisédech.
2. Le sacerdoce de l’ancienne loi est plus proche de celui du Christ que le sacerdoce antérieur à la loi. Or les sacrements signifiaient d’autant plus expressément le Christ qu’ils étaient plus proches de lui, ainsi que nous l’avons montré dans la deuxième Partie. Donc le sacerdoce du Christ doit être nommé d’après le sacerdoce de la loi plutôt que d’après le sacerdoce de Melchisédech, antérieur à la loi.
3. Il est écrit (He 7, 2) : Melchisédech » veut dire : « roi de la paix« . Sans père, sans mère, sans généalogie, dont les jours n’ont pas de commencement et dont la vie n’a pas de fin « . Tout cela convient uniquement au Fils de Dieu. Le Christ ne doit donc pas être appelé prêtre selon l’ordre de Melchisédech, comme de quelqu’un d’autre, mais selon un ordre qui est propre à lui-même.
En sens contraire, il est écrit dans le Psaume (110, 4) : « Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech. «
Réponse : Comme nous l’avons dit, le sacerdoce légal fut la préfiguration du sacerdoce du Christ, non certes en égalant la vérité, mais d’une manière très inférieure : et parce que le sacerdoce légal ne purifiait pas les péchés, et parce qu’il n’était pas éternel comme celui du Christ. Or, cette supériorité du sacerdoce du Christ sur le sacerdoce Lévitique fut préfigurée dans le sacerdoce de Melchisédech, lequel perçut la dîme sur Abraham, et en celui-ci sur le sacerdoce Lévitique qui devait descendre de lui. Aussi dit-on que le sacerdoce du Christ est « selon l’ordre de Melchisédech », à cause de la supériorité du sacerdoce véritable sur le sacerdoce légal, qui n’était que préfiguratif.
Solutions : 1. Cette façon de parler ne comprend pas Melchisédech comme étant le prêtre principal, mais comme préfigurant la supériorité du sacerdoce du Christ sur le sacerdoce Lévitique.
2. Dans le sacerdoce du Christ on peut distinguer son oblation et sa participation. Quant à l’oblation elle-même, le sacerdoce du Christ était préfiguré plus expressément par le sacerdoce légal, qui répandait le sang, que par le sacerdoce de Melchisédech, où le sang n’est pas répandu. Mais quant à la participation à ce sacrifice et à son effet, à quoi on mesure surtout la supériorité du sacerdoce du Christ sur le sacerdoce légal, elle était plus expressément préfigurée par le sacerdoce de Melchisédech qui offrait du pain et du vin lesquels, pour S. Augustin symbolisent l’unité de l’Église, que constitue la participation au sacrifice du Christ. Et c’est pourquoi, dans la loi nouvelle, le véritable sacrifice du Christ est communiqué aux fidèles sous les espèces du pain et du vin.
3. Si l’on dit que Melchisédech est « sans père, sans mère et sans génération « , que » ses jours n’ont pas de commencement ni de fin « , ce n’est pas parce qu’il n’en avait pas, mais parce que la Sainte Écriture n’en parle pas. Et par cela même, comme l’Apôtre le dit au même endroit, » il est assimilé au Fils de Dieu » qui sur terre est sans père, et au ciel sans mère et sans généalogie, selon Isaïe (53,8) : » Qui racontera sa génération ? » Et selon sa divinité il n’a ni commencement ni fin de ses jours.
Crédit image : Abraham rencontre Melchisedech (Mosaic in Basilica di San Marco), anonyme, 13e siècle.
Bonjour,
Le christianisme n’a pas adopté le terme de Yeshua mais yeshua est le nom du Christ en Hébreux : yeshua ou yeshoua signifie en hébreux « sauver » ou « sauveur » .Effectivement le « oint » est venu sur terre pour cela : sauver votre ame. Jésus est le nom français (gréco-romain) du Christ . Le christianisme n’a guère plus modifié les sept attributs de l’ « esprit saint » , descendant du Pneuma grecque . Concept qui pour les stoiciens grecques correspondait au cinquième élément . Un souffle qui donnait vie à la matière ( le « Rouach » judaique-souffle d’ Hachem) . Leurs principaux géniteurs étant Phytagore et Platon . La pneuma-logie ( du grecque « logia » via le latin-savoir) fut ‘400 ans avant l’ére chrétienne un sujet très débattu . Les véritables pères de la kabbale chrétienne furent le génie Jean Pic de la Mirambole et Yohanan Alemanno qui l’initia à la kabbale ( et pas qu’a cela d’ailleurs…) . De la Mirambole comprit les méandres , l’hermétisme kabbalistique avec une aisance et une célérité déconcertantes puis écrit ses » 900 théses » qui traitent de kabbale chrétienne mais également de scolastique ( Abélard ) , de philosophie et de théologie . Nous pouvons d’ailleurs , lorsque nous lisons-les proverbes-des saintes écritures, nous demander si nous lisons la Bible ou un traité de philosophie … par exemple.
Les personnes réellement intéréssées par la gnose chrétienne peuvent se rapprocher de certains courants rosicruciens en demandant conseil auprès d’ initiés sérieux comme Fred Mac Party pour en citer un qui me vient à l’esprit.
INSTAVRARE OMNIA IN CHRISTO