Idra Rabba Kadisha – Zohar, III, 127b – 145a [2].
La troisième parure est formée par les moustaches séparées par une raie. C’est à elle que correspondent les mots : « Il pardonna (passé) les péchés. » Dans cette parure, les cheveux ne sont pas touffus, afin de découvrir la Bouche sacrée qui prononce les paroles : « J’ai pardonné. » On a appris : combien d’armées espèrent voir cette Bouche, mais qui ne se révèle pas ! Dans le Livre Occulte, il est dit : II passe le péché (use). Si les hommes sont méritants, il change le péché en grâces. La colère qui émane des Narines de la « Petite Figure » disparaît, grâce au souffle de la « Grande Figure », ainsi qu’il est écrit : « Le vent du Seigneur a soufflé sur lui et il a disparu. » Heureux l’homme qui mérite cette grâce. Rabbi Siméon dit : le Seigneur, certes, te prodiguera ses biens et te préservera de tout mal. L’Écriture dit : « Je me réjouirai en Dieu. » Je me réjouirai en l’Ancien des anciens qui est la joie de tout. Au moment où cette parure de la Barbe de l’Ancien des jours apparaît, tous les Maîtres des rigueurs et des gémissements se taisent. Celui qui surveille ses paroles est marqué de la troisième parure, qui est la parure du silence.
La quatrième parure est formée par les extrémités des moustaches ; elle correspond aux mots : « … Le reste de son héritage », ainsi qu’il est écrit : « Et tu prieras pour les restants. » Les « restants » désignent Israël : « Le reste d’Israël ne commettra pas d’iniquité. »
La cinquième parure est formée par la touffe de barbe qui croît au-dessus de la lèvre inférieure et correspond aux mots : « Il ne conserve pas toujours sa colère. » Lève-toi, Rabbi Yossé. Rabbi Yossé commença : il est écrit : « Heureux le peuple qui jouit d’un tel sort ! Heureux le peuple dont Jéhovah est le Dieu. » Que veut dire « schekakha » ? Cela signifie « apaiser », ainsi qu’il est écrit : « La colère du Roi s’est apaisée ». « Heureux le peuple dont Jéhovah est le Dieu. » « Le Seigneur », c’est la Miséricorde. D’après une autre explication, « Schekakha », c’est le Nom qui renferme tous les autres. Par ce Nom, le Saint, béni soit-il, fait disparaître la colère et apaise la « Petite Figure ». Nous avons appris que l’Esprit suprême descend sous les Narines de l’Ancien des jours et se répand également en bas. Le degré supérieur s’appelle « qui passe le péché », et le degré inférieur « qui ne conserve pas pour toujours sa colère ». Toutes les fois que l’Ancien mystérieux et caché à tous révèle ses voies, le bien se répand sur les êtres d’en bas. De même que le Paradis suprême est ignoré de tous, de même l’Ancien des anciens demeure caché. C’est ce à quoi font allusion les paroles : « Ô Seigneur, que tes œuvres sont grandes et tes desseins profonds ! » Rabbi Siméon lui dit : que tes œuvres trouvent grâce dans l’autre inonde devant l’Ancien des temps.
[133b] La sixième parure est formée par les touffes de barbe qui recouvrent les joues. Lève-toi, Rabbi Yessa, et explique-nous cette parure. Rabbi Yessa commença : il est écrit : « Ma grâce ne t’abandonnera jamais. » Et ailleurs : « J’ai eu pitié de toi parla grâce du monde. » Il y a deux grâces (Hessed) : la grâce intérieure et la grâce extérieure. La grâce intérieure est celle de l’Ancien des anciens ; elle est cachée dans les extrémités de la Barbe. C’est pourquoi il est défendu de raser l’extrémité de la barbe, qui correspond à l’endroit où se réfugie la grâce intérieure. Les Prêtres ne devaient pas non plus se faire raser la barbe pour ne pas détériorer les voies de miséricorde de l’Ancien des temps. Nous avons appris dans le Livre Occulte qu’il faut chercher par tous les moyens d’augmenter la grâce (Hessed), ainsi qu’il est écrit : « Et ma grâce ne t’abandonnera pas. » C’est la grâce intérieure ; la grâce de l’Ancien des jours. La « grâce du monde », c’est la grâce extérieure, la grâce de la « Petite Figure », ainsi qu’il est écrit : « Le monde sera bâti par la grâce. » La grâce de l’Ancien des anciens, c’est la grâce par excellence, la grâce de l’âme, et c’est à cette sixième parure que correspondent les mots : « … Car il veut la grâce. »
La septième parure est formée par les deux pommettes qui sont belles et agréables à voir. Rabbi Siméon commença : il est écrit : « Comme un pommier parmi les arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé parmi les jeunes gens. » L’Écriture compare le Saint, béni soit-il, à un pommier ; de même que le fruit de cet arbre présente trois couleurs, de même chaque pommette de la figure a trois couleurs, ce qui fait ensemble six, et la septième parure est la quintessence des six. C’est grâce à ces sept parures que le monde subsiste, ainsi qu’il est écrit : « Dans le rayonnement de la force du roi (dans la Sagesse), la vie prend sa source. » C’est des pommettes qu’émane la vie et la joie pour la « Petite Figure », ainsi qu’il est écrit : « Dieu tournera sa face vers toi. » Sa face désigne la face extérieure ; car, quand elle est illuminée, le monde est béni. Nous avons appris : tant que ces lampes extérieures sont allumées, le monde est béni et la rigueur ne sévit pas. Quel bonheur pour le monde lorsque les deux pommettes qui sont illuminées toujours se révèlent à lui ! À ce moment, la « Petite Figure » est en joie ; les lampes d’ici-bas se réjouissent ; tous les mondes et tous les êtres sont dans une parfaite félicité. La « Petite Figure » n’est éclairée que par intermittence, tandis que les pommettes sont toujours éclairées. Elles éclairent trois cent soixante-dix mondes. Cette septième parure renferme les six premières. C’est à elle que font allusion les mots : « Il revient et il aura pitié de nous. » « Il revient », parce qu’il y a des moments où il est caché et d’autres où il est révélé.
[134a] La huitième parure est formée par un fil de la Barbe qui descend en ligne droite comme un plateau de balance, jusqu’au nombril. Lève-toi, Éléazar, mon fils, et parle. Rabbi Éléazar commença : « Tout dépend de la bonne étoile (mazal), même le sort du rouleau de la Loi qui est déposé dans le Tabernacle. » On a déjà expliqué cette maxime dans le Livre Occulte ; mais examinons-la encore une fois. Est-ce que tout est régi par l’influence des astres ? Nous avons appris que le rouleau de la Loi est sacré, son enveloppe est sacrée et le Tabernacle qui l’enferme est également sacré. À ces trois saintetés, correspondent les trois fois « saint », répétés dans Isaïe : « L’un dit à l’autre : Saint, saint, saint, béni soit il. » La Loi a été donnée également avec trois saintetés, le Tabernacle dans lequel elle était enfermée et le Temple où était placé le Tabernacle. Est-ce que des objets aussi saints peuvent être soumis au « Mazal » (bonne étoile) ? Or il est écrit : « Vous ne craindrez pas les constellations du ciel. » Mais on a expliqué dans le Livre Occulte que le fil sacré de la Barbe, centre des autres fils, est appelé « Mazal ». Le rouleau de la Loi qui est appelé « saint » ne possède pas les dix attributs de sainteté avant d’avoir été placé dans le Tabernacle. De même, en haut, toutes les dix saintetés doivent être réunies pour former le Tabernacle. Ce fil est appelé « Mazal », parce qu’il est le centre de toutes les constellations du ciel. Celui qui voit la huitième parure voit toutes ses fautes disparaître, comme il est écrit : « Il fait disparaître les fautes. » Rabbi Siméon s’écria : béni sois-tu, mon fils, devant le Saint des saints.
La neuvième parure est formée par l’enchevêtrement des cheveux. Lève-toi, Rabbi Abba, et parle. Rabbi Abba dit : Ce sont les cheveux qui s’entremêlent avec ceux appelés « les profondeurs de l’Océan », et tous les accusateurs des hommes sont précipités dans ces profondeurs. Rabbi Siméon lui dit : béni sois-tu, mon fils, à Dieu.
La dixième parure est formée par les poils qui recouvrent le cou. Rabbi Yehouda, lève-toi. Rabbi Yehouda dit : il est écrit : « Et ils se cacheront dans le fond des rochers et dans les grottes des montagnes à cause de la crainte de Dieu et devant la splendeur de Sa Majesté. » « Crainte de Dieu » désigne la partie visible. La « splendeur de Sa Majesté » désigne les poils qui recouvrent le cou et sont cachés par la Barbe. À cette parure correspondent les paroles : « Tu donnes la vérité (fidélité) à Jacob… »
La onzième parure est formée par la régularité des poils de la Barbe qui ne se dépassent pas l’un l’autre. À cette parure, correspondent les mots : « … Et la grâce (miséricorde) à Abraham. »
[134b] La douzième parure est formée par la bouche découverte que les moustaches ne cachent point. Les moustaches laissent la bouche découverte, afin qu’il n’y ait pas de rigueurs. Mais est-ce que les poils delà barbe sont du côté de la Rigueur ? Nous savons au contraire qu’ils sont du côté de la Clémence. C’est afin que l’esprit puisse sortir aisément. Nous avons appris que, de la Bouche sacrée, sort un souffle qui anime la « Petite Figure » et tous les êtres d’en bas, et se répand dans trois cent soixante-dix directions. C’est pourquoi la Bouche sacrée est découverte, afin que rien ne se mêle au souffle. Cette parure est la plus mystérieuse de toutes. Le prophète véritable était inspiré par la « Bouche de Dieu » qui est le souffle extérieur, mais l’Esprit de l’Ancien des anciens est caché et mystérieux et n’est connu que de lui-même. Les Patriarches se sont attachés à la douzième parure d’où émanent les douze limites d’en haut et d’en bas auxquelles correspondent les douze tribus. C’est à quoi font allusion les mots : « … Que tu as juré à nos ancêtres. »
La treizième parure est constituée par les deux moitiés de la Barbe qui descendent majestueusement jusqu’au nombril. Rabbi Siméon dit : heureux le sort de celui qui se trouve dans la région de cette parure suprême ! Heureuse sa part dans ce monde et dans le monde futur, car cette parure est le centre de toutes les autres qui sont sous sa dépendance, ainsi que les parures de la « Petite Figure » ; et tout est contenu dans cette parure. C’est le « Mazal » (la planète) de qui tout dépend ; c’est la plus parfaite de toutes les parures. Toutes ces parures sont appelées « Jours primitifs ». Les jours célestes sont appelés « Jours primitifs », quand ils concernent l’Ancien des temps ; mais ils portent le nom de « Jours du monde », quand ils concernent la « Petite Figure ». Les « Jours primitifs », les parures de la Barbe de l’Ancien des anciens sont contenus dans la treizième parure, et le jour où l’Ancien des jours se révélera orné de toutes ses parures sera appelé « Jour unique », jour au-dessus de tous les autres, car il n’y aura ni jour ni nuit ; jour sans nuit et par conséquent sans jour, puisque, sans nuit, il n’y a pas de jour. C’est à ce jour que se rapportent les paroles de l’Écriture : « Ce jour unique connu du Seigneur ne sera ni jour ni nuit. » Cette treizième parure est la quintessence de toutes et n’est pas visible ; c’est d’elle que se déverse l’huile parfumée dans les treize canaux d’en bas. Personne ne connaît l’endroit d’où elle émane. C’est à quoi se rapportent les paroles de l’Écriture : « Je suis le Seigneur et je ne donnerai pas ma gloire à un autre. » Et ailleurs : « Il nous a faits. » Et ailleurs : « Et l’Ancien des jours était assis. »
Mais personne ne sait où il réside et ne peut le découvrir. Ailleurs, il est écrit : « Je te loue, car tes actions sont merveilleuses et mon âme le sait. »
Rabbi Siméon dit aux collègues : à travers le rideau que vous voyez, j’aperçois toutes les lumières de cette région. Le Saint, béni soit il, tira un rideau sur quatre piliers entourant les quatre directions. [135a] Un pilier s’élève du monde d’en bas jusqu’au monde d’en haut ; le chef céleste préposé à la garde du pilier tient en main une pelle dans laquelle sont déposées quatre clefs différentes ; ce sont ces clefs qui tirent le rideau de haut en bas. Il en est de même des deuxième, troisième et quatrième piliers. Entre un pilier et l’autre, on aperçoit dix-huit piédestaux de piliers qui sont éclairés par la Lumière suprême qui traverse le rideau. Il en est de même des autres piliers des quatre directions du monde. Je vois tous ces mondes attendre avec impatience les paroles qui sortent de notre bouche ; car c’est de l’haleine de nos bouches que sont formés les rideaux à travers lesquels on aperçoit la Lumière suprême. Heureux votre sort ! Car toutes vos paroles sont saintes et montent directement en haut, et c’est à elles que s’appliquent les paroles de l’Écriture : « Ta gorge est comme un vin excellent… Il délie la langue des anciens. » Cela signifie que, même dans le monde futur, la bouche des Maîtres prononce des paroles relatives à la Loi. Et maintenant dirigez vos idées sur la « Petite Figure » et méditez sur la Sagesse suprême à l’aide de laquelle la « Grande Figure » se métamorphose en « Petite Figure ». Représentez-vous son essence comme venant d’ici et de là, c’est-à-dire composée de ciel et de terre, de divin et d’humain, de matériel et d’immatériel, tel un homme composé de corps et d’âme. La « Petite Figure » est ainsi faite, afin de s’asseoir sur le Trône, ainsi qu’il est écrit : « Et au-dessus du trône, il paraissait comme un homme assis sur ce trône », l’Homme qui est la synthèse de tous les Noms sacrés, l’Homme en qui sont renfermés tous les mondes d’en haut et d’en bas, l’Homme enfin qui embrasse tous les mystères, même ceux existant avant la création du monde. Nous avons appris dans le Livre Occulte que l’Ancien des anciens, avant de préparer ses parures, bâtissait et constituait des rois ; mais ceux-ci ne pouvaient subsister, et il a fallu les cacher et réserver leur existence à un temps futur, ainsi qu’il est écrit : « Tels sont les rois qui régnèrent au pays d’Edom avant que les enfants d’Israël eussent un roi. » Le pays d’Edom désigne la région des rigueurs. Les êtres créés primitivement ne sortirent de cette région qu’après que la Tête blanche se fut constituée. Nous inférons de là que, tant que le chef d’un peuple n’est pas revêtu de toutes ses parures, le peuple lui-même n’est pas non plus bien organisé, à l’instar des mondes d’ici-bas qui n’avaient pas une existence définitive, tant que l’Ancien des anciens n’était pas orné de toutes ses parures. C’est à quoi font allusion ces paroles de l’Écriture : « Un roi régnait à Edom, Bêla, fils de Béor. » Edom désigne la région où toutes les rigueurs ont leur source. « Bêla », fils de « Béor », c’est la région de la puissante Rigueur où existent des millions de chefs célestes, maîtres de lamentations et de gémissements. L’Écriture ajoute : « Et sa ville s’appelait Denhaba », lisez « Den haba » (ici on apporte), ainsi qu’il est écrit : « La sangsue a deux filles qui crient toujours : apporte, apporte (hab, hab). » Les mondes préexistants dans la Pensée suprême ne pouvaient subsister, parce que l’homme n’était pas encore constitue, l’homme dont l’image est la synthèse de tout. [135b] Et lorsque la figure de l’homme a été formée, l’existence a été assurée à tous les êtres. Si l’Écriture dit : Et tel roi est mort, et tel autre roi est mort, elle entend par là que son existence a été différée à un temps ultérieur ; car toute descente à un degré inférieur est appelée mort, ainsi qu’il est écrit : « Et le roi des Égyptiens est mort. » Il était tombé à un degré inférieur. Quand l’homme a été constitué, l’existence des êtres primitifs s’affermit, et ils prirent des noms différents de ceux qu’ils portaient avant, à l’exception de l’être dont l’Écriture dit : « Et sa femme se nommait Mehetabel, fille de Matred, qui était fille de Mezaab. »
C’était le seul être primitif qui pouvait exister, parce qu’il était composé de mâle et de femelle, tel un dattier qui ne réussit que quand la femelle est plantée à côté du mâle. Bien que cet être ait pu subsister dans les mondes primitifs en raison de sa formation de mâle et femelle unis, il n’a pu arriver à la perfection qu’après la formation de l’homme. Nous avons appris que, lorsque la Tête blanche voulut glorifier son Nom, elle fit sortir de la Lumière primitive une étincelle qui se répandit dans trois cent soixante-dix directions. De cette étincelle, sortit un air pur et élastique. Au milieu de cet air se leva une Tête puissante qui se répandit dans les quatre directions du monde. Ainsi, cet air pur, formé de l’étincelle, entoure la Tête, mais il est le plus caché de l’Ancien des temps. Cet air est entouré de feu et d’air ; l’air pur repose au-dessus du feu et de l’air ordinaire. Le feu dont il est question ici n’est pas un feu ordinaire, mais le feu dont l’air est chargé et qui éclaire deux cent soixante-dix mondes ; c’est un feu de rigueur, et c’est pourquoi la Tête porte le nom de « Tête puissante » ; elle embrasse neuf mille fois dix mille mondes, tous entourés et soutenus par l’air pur. Cette Tête reçoit une Rosée de la Tête blanche dont elle est toujours pleine. C’est cette Rosée qui ressuscitera les morts. La Rosée a deux couleurs : en sortant de la Tête blanche, elle est blanche ; mais quand elle a passé par la Tête de la « Petite Figure », on y aperçoit aussi du rouge, tel un bdellium où le rouge est mêlé au blanc. C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et beaucoup de ceux qui dorment sous la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre et pour la honte éternelle. » Se réveilleront pour la vie éternelle ceux qui sont dignes de la Rosée blanche qui vient de l’Ancien des temps, de la « Grande Figure », et se réveilleront pour l’opprobre et la honte éternelle ceux qui sont dignes de la Rosée rouge qu’on aperçoit à la « Petite Figure ». Et pourtant, la Rosée renferme une couleur et l’autre, ainsi qu’il est écrit : « Car ta rosée est la rosée des lumières. » L’Écriture parle de deux lumières ; car la Rosée qui tombe chaque jour sur le « Verger des pommiers » est à la fois rouge et blanche. La Tête est éclairée d’un côté et de l’autre, et l’air pur qui sort de la Tête et qui éclaire la « Petite Figure » remplit cent cinquante fois dix mille mondes. De là vient le nom de « Petite Figure ». Au moment opportun, la « Petite Figure » en contemplant la Face de l’Ancien des anciens redevient « Grande Figure » pour le salut du monde. De cette Tête, sort un rayon qui illumine ceux d’en bas. « Et on apportait un tribut à l’Ancien des temps lors du dénombrement ; [136b] le demi-sicle qu’on offrait par tête constituait ce tribut. »
Dans la boîte crânienne, il existe trois cavités dans lesquelles repose le cerveau recouvert d’une mince membrane (pie-mère). Le Cerveau de la « Petite Figure » n’est pas entouré de la membrane solide (dure-mère), comme celui de l’Ancien des temps. Ce cerveau se bifurque en trente-deux sentiers qu’il éclaire, ainsi qu’il est écrit : « Et un fleuve sort de l’Éden… » Nous avons appris que, dans les trois cavités de la boîte crânienne, prend naissance une source qui coule vers les quatre directions et que, du Cerveau lui-même, les trente-deux sentiers de sagesse prennent leur point de départ. La deuxième cavité du crâne contient une source à laquelle conduisent cinquante portes ; et ces portes sont symbolisées parles cinquante jours de la Loi, par les cinquante années de la période jubilaire et parles cinquante mille générations sur lesquelles Dieu fera reposer son Esprit. La troisième cavité du crâne est le siège d’un million de palais, séjour du savoir, ainsi qu’il est écrit : « C’est la sagesse qui remplit les cellules. » C’est par ces trois parties du cerveau que le corps se soutient ; car le cerveau se répand de la tête dans tout le corps. Une tradition nous apprend que la boîte crânienne est couverte de millions de poils noirs emmêlés et mélangés ensemble. Les chefs célestes et purs, ainsi que les esprits impurs qui pendent le long de ces poils, sont innombrables. C’est de cette région qu’émanent les lois relatives à la pureté et à l’impureté. Parmi ces poils, il y en a de lisses, et d’autres qui sont durs, offrant des aspérités. Au milieu des cheveux, se trouve un sentier étroit (raie) qui unit la « Petite Figure » à l’Ancien des temps. Ce sentier se divise en six cent treize autres, qui sont les commandements de l’Écriture, ainsi qu’il est écrit : « Toutes les voies du Seigneur sont bonnes et vraies pour ceux qui observent son alliance et ses lois. » Nous avons appris que, du côté gauche, des millions de maîtres des gémissements sont suspendus à chaque extrémité des poils ; du côté droit, ce sont les chefs de miséricorde qui sont attachés à l’extrémité des poils. Le Front de la Tête n’est découvert que lorsqu’il s’agit de punir les coupables ; car, dès que le Front se découvre, tous les maîtres de la rigueur se réveillent et le monde est en leur pouvoir. [136b] Excepté, toutefois, à l’heure où la prière d’Israël se lève vers l’Ancien des temps. À ce moment, le Front est également découvert ; sa lumière éclaire la « Petite Figure », et la colère est apaisée. Il y a un poil sortant du Cerveau, qui ouvre les cinquante Portes ; et les coupables qui ne rougissent pas de leurs actions sont punis, ainsi qu’il est écrit : « Tu as le front d’une courtisane ; tu ne veux pas rougir. » La tradition nous apprend que le Front est dépourvu de cheveux, afin que l’on puisse le démontrer aux coupables, et aussi afin que la lumière du Front de l’Ancien des temps puisse se mêler à celle du Front de la « Petite Figure », à l’heure de la Clémence.
Les Yeux de la Tête diffèrent des autres yeux. L’arc constituant les sourcils est formé de mèches de cheveux accumulées les unes sur les autres. Sept cent mille maîtres de la Providence sont suspendus aux cils, et mille quatre cents fois dix mille sont suspendus aux sourcils ; et quand l’Ancien des temps relève ses cils, il ressemble à un homme qui se réveille du sommeil et qui ouvre les yeux. L’Écriture dite : « Ses yeux sont comme les colombes auprès des ruisseaux, se lavant dans du lait. » Ce « lait » désigne le blanc de l’Œil céleste qui est l’indice de la Clémence. C’est pourquoi David disait : « Réveille-toi. Pourquoi dors-tu ? Réveille-toi, ô Seigneur. » Il voulait que l’Ancien des temps ouvrît les yeux et en montrât le blanc qui est l’indice de la Clémence.
Quand les Yeux ne sont pas ouverts, les maîtres des rigueurs dominent, et Israël est soumis aux autres peuples ; mais lorsqu’il ouvre ses Yeux, la bonté et la miséricorde règnent sur Israël, et les autres peuples sont châtiés. Les couleurs rouge, noire et jaune sont toujours visibles dans l’œil, tandis que le blanc n’est visible que quand règnent les « sept yeux de la Providence » qui sortent [137a] de la pupille, ainsi qu’il est écrit : « Il y a sept yeux sur cette unique pierre. » De la pupille, sortent sept anges messagers qui répandent des gerbes de feu du côté nord et parcourent le monde pour faire connaître les péchés des hommes, ainsi qu’il est écrit : « Ce sont là les sept yeux du Seigneur qui parcourent toute la terre. » De la partie jaune de l’Œil, sortent sept anges supérieurs qui parcourent le monde pour examiner les bonnes et les mauvaises œuvres de l’homme, ainsi qu’il est écrit : « Car ses yeux sont tournés vers les voies de l’homme dont il voit tous les pas. » Le blanc est fait pour attirer le bien sur Israël, et le rouge pour punir ceux qui les oppriment, comme il est dit : « Et le Seigneur dit : J’ai vu, j’ai vu la souffrance de mon peuple qui est en Égypte. » « J’ai vu, j’ai vu… » pour faire le bien à Israël : « J’ai vu… » pour punir ceux qui l’oppriment. Et ailleurs, il est écrit : « Réveille-toi, Seigneur. Pourquoi dors-tu ? Réveille-toi. » Le mot « réveille-toi » est répété, car il y a deux regards : celui de la miséricorde et celui du châtiment. La première couleur de l’Œil est le rouge, qui fait le tour des autres couleurs. La deuxième est le noir, — telle la pierre qui émerge de l’Océan tous les mille ans ; et, lorsqu’elle émerge des eaux, la mer est soulevée et le Léviathan s’agite. La couleur noire de l’Œil contient toutes les nuances du noir ; elle est entourée d’un liséré rouge. La troisième couleur est le jaune qui renferme toutes les nuances de cette couleur. Il est encerclé par un liséré noir d’abord, puis par un second liséré rouge. Lorsque l’Œil s’ouvre, le blanc seul apparaît, les autres couleurs disparaissent. Le rouge et le noir, qui sont unis, disparaissent lorsque le blanc se montre, comme il est écrit : « Tes dents sont comme les troupeaux réunis qui viennent d’être lavés. » (Couleur blanche.) Elles sont toutes unies. Et les justes, grâce à leur sagesse, verront l’Œil du Saint suprême. Les Yeux sont ouverts tantôt pour le salut du monde, et tantôt pour sa perte. Tantôt l’Écriture dit : « Ouvre les yeux et considère notre désolation. » Ici les yeux sont ouverts pour le salut du monde. Ailleurs, l’Écriture dit : « Tes yeux verront Jérusalem, demeure tranquille, tente qui ne chancellera pas, dont les pieux ne seront jamais arrachés… » Nous avons appris dans le Livre Occulte: pourquoi appelle-t-il ici Jérusalem « demeure tranquille », alors qu’ailleurs il l’appelle « demeure de justice » ? Une ville de justice n’est pas une ville de repos ! « Demeure tranquille » fait allusion à l’Ancien des jours, dont l’Œil est tranquille (œil de miséricorde). C’est pourquoi le mot « Enekha » est écrit sans Yod, comme si c’était un singulier. Jérusalem s’appelle aussi « ville de justice », parce que la rigueur y règne plus qu’ailleurs ; la rigueur et la clémence s’y trouvent donc réunies. Mais, dans les temps à venir, à l’époque messianique, il n’y aura qu’un seul œil, l’Œil de l’Ancien des anciens, l’œil de miséricorde, ainsi qu’il est écrit : « Je te rassemblerai par la grande miséricorde », celle de l’Ancien des anciens, car celle de la « Petite Figure » est dite « miséricorde », simplement. [137b] Une tradition nous apprend que deux larmes sont suspendues aux deux parties de l’Œil, le rouge et le blanc ; et, quand le Saint des saints est touché de compassion pour Israël, il laisse tomber ces deux larmes dans le grand Océan de la Sagesse suprême d’où sort la miséricorde.
Nous avons appris dans le Livre Occulte que le Nez de la « Petite Figure » est la caractéristique de tout le Visage. C’est à ce Nez que s’appliquent les paroles de l’Écriture : « La fumée de ses narines s’est élevée en haut ; un feu dévorant est sorti de sa bouche, et des charbons en ont été allumés. » L’Écriture parle de fumée, de feu et de charbon, car il n’y a point de fumée sans feu, ni de feu sans fumée. Quand ces trois sont unis ensemble, les anges de la rigueur se réunissent. Mille quatre cents fois dix mille chefs de rigueur sont suspendus à chacune des Narines ; et quand la fumée en sort, [138a] la rigueur commence à sévir dans le monde. Et qui empêche le Nez de projeter constamment de la fumée ? C’est le Nez de l’Ancien sacré appelé « Patient » (littéralement : qui retient longtemps la respiration par le nez). C’est pour cette raison qu’entre les deux noms Jéhovah, il y a une marque de séparation, comme c’est le cas lorsque l’Écriture répète deux fois le nom Abraham, Jacob ou Samuel, pour nous indiquer que les deux dénominations désignent une seule et même personne. Seul le terme « Moïse Moïse » n’a pas de marque de séparation, parce qu’à sa naissance Moïse était déjà parfait, ainsi qu’il est écrit : « Et elle vit qu’il était bon. » D’autre part, Abraham, Jacob et Samuel étaient plus parfaits à la fin de leur vie qu’au commencement. Quand l’Écriture dit : « Jéhovah, Jéhovah », elle sépare les deux noms par la marque de séparation, afin de nous indiquer que l’un est plus miséricordieux que l’autre. Et Moïse invoque deux fois Jéhovah, afin de faire descendre la miséricorde de l’Ancien des jours dans la « Petite Figure ». Ainsi qu’on nous l’a appris, Moïse était tout-puissant, puisqu’il faisait descendre les voies, de miséricorde ici-bas. Quand l’Ancien des jours se révèle dans la « Petite Figure », la miséricorde règne dans le monde, la colère qui sort du Nez s’apaise, et il n’y a ni fumée ni feu. Nous avons appris que, de l’une des Narines, sort une fumée qui se répand jusqu’au grand abîme, et que de l’autre, un feu émane, qui embrase quatorze cents mondes du côté gauche. C’est le feu qui est appelé « Feu de Dieu » et qui ne s’apaise que par le feu de l’autel, ainsi qu’il est écrit : « Et Jéhovah sentit l’odeur agréable. » Tout dépend du Nez. Quand la Bible emploie les expressions : « Et le nez de Jéhovah s’enflamma » ; « Mon nez s’enflammera, etc. », il s’agit du Nez de la « Petite Figure », et non de celui de l’« Ancien des jours ».
Idra Rabba Kadisha – Zohar, III, 127b – 145a [2]. Le Zohar, traduction de Jean de Pauly, éditions Maisonneuve & Larose.