Guebourah par Spartakus FreeMann.
גבורה
La cinquième Sephira est nommée Guebourah que l’on peut traduire par Sévérité ou Rigueur. Ses autres noms sont Pa’had, פחד, Crainte ou Din, דין, Jugement.
À son sujet, le texte des 32 sentiers de la Sagesse nous dit : « le cinquième Sentier est appelé l’Intelligence Radicale, parce qu’il ressemble à l’Unité de Binah, la compréhension, qui émane des profondeurs primordiales de Hokhmah, la Sagesse ».
De cette Sephira émanent la force de la Restriction, de la Sévérité, de la Discipline et du Jugement, mais sa véritable nature serait mieux rendue par la Limitation dans le contexte de discipline de soi. Là où la force de Hessed brille sans aucune limite ou fin, Guebourah est la limite et la fin. Guebourah a pour mission de reformer ce qui a déjà été formé, et de rétablir une forme de justice en réduisant les excès lorsque cela est nécessaire.
Guebourah se tient sur la Colonne de Gauche, sous Binah. Comme Binah restreint la force expansive de Hokhmah, Guebourah restreint la force expansive de Hessed. Guebourah et Hessed fonctionnent dont comme deux forces opposées et ce qui en résulta est la lutte perpétuelle pour l’équilibre et l’harmonie au sein des Sephiroth inférieures, et plus particulièrement en Tiphereth. Comme il est écrit sans la Douce Lumière de Moïse Cordovero : « La seconde opposition est entre Hessed et Guebourah et c’est Tiphereth qui fait la médiation ».
Guebourah est au sein de la Colonne de Gauche, l’élément central, ce qui est bien évident si l’on considère la colonne en son entier. Guebourah est ainsi en relation directe avec les Sephiroth Binah et Hessed, Binah la Mère se voit ainsi apporter un soutient de Guebourah et limite le don absolu de la Hessed. Ainsi, Guebourah est un élément de stabilisation et d’équilibre des forces primordiales transitant par Hessed. En effet, la tradition nous enseigne avec sagesse que « Guebourah et Hessed sont les deux bras de Dieu », les « deux lampes qui forment la parure du Trône ».
Dans son Noche obscura, Saint Jean de la Croix nous dit au sujet de Guebourah : « Pendant la sixième ascension, l’âme court rapidement vers Dieu et le touche plusieurs fois : elle est infatigable dans sa course, car c’est l’espoir qui la pousse. L’amour lui donne des forces et rend sa course légère. Voici ce que dit le prophète Isaïe à propos de cette ascension : « Ceux qui comptent sur le Seigneur recevront des forces nouvelles ; ils s’élanceront comme des aigles » (Isaïe XL, 29-31 : « Il redonne des forces à celui qui faiblit, il remplir de vigueur celui qui est épuisé (…) Ceux qui comptent sur le Seigneur recevront des forces nouvelles, ils s’élanceront comme des aigles : ils courront sans se lasser, ils marcheront sans faiblir »). Les Psaumes font aussi allusion à cette ascension : « Comme le cerf court haletant vers l’eau, ainsi mon âme court haletante vers toi, mon Dieu » (Psaumes XXXI, 1). Car le cerf assoiffé court rapidement vers l’eau. Et dans un autre Psaume : « Je cours sur le chemin de tes commandements, car tu m’as ouvert le coeur » (Ps. CXIX, 32) ».
Le Sicle du Sanctuaire de Moïse de Léon nous enseigne que la Sephira Guebourah est la Porte du Nord. C’est également le secret de l’or fin (or sagour), la dimension du Jugement, le Vin, la couleur Rouge, l’Obscurité, חשך , la Gauche et l’Or. En quelques lignes nous en résumons ici la pensée. Bahir 37 : « … Et qu’a-t-il ouvert ? La Porte du côté nord qu’il a ouverte pour le monde entier : c’est par cette porte qu’entre le Bien et le Mal ».
Jérémie I, 14 : « C’est du nord que se déchaîne le mal contre tous les habitants de la terre ».
Le Nord est le siège du Feu Fondamental qui est à l’origine de tous les autres feux. Il est le Feu qui dévore tous les autres feux.
Il est le lieu du Vin, יין, mais de ce vin qui rend ivre et non point saoul. C’est le bon vin qui fait que l’homme ivre parle devant le Roi et sa prière est une véritable prière.
Son Nom est Gebourah car c’est l’énergie du jugement et c’est donc aussi le lieu du jugement, mais aussi c’est en ce lieu que s’éveille sans cesse l’amour pour la Femme comme il est dit « Sa gauche est sous ma tête » (Cant. des Cant. 2:6). En ce sens, c’est le lieu de l’éveil du désir et de lieu de l’amour.
Du côté du Nord est l’Or = ZAHAV [זהב], où l’on retrouve le Zaïn qui est aussi OZEN, l’oreille qui est douée de Sagesse dans l’Écoute…
Dans le Bahir nous lisons au sujet de la Rigueur et de Guebourah les passages suivants :
56 -Ils lui dirent : Jusqu’ici, cinq. À partir d’ici, qu’est-ce qui suit ?
Il leur dit : Moi, je vous explique d’abord l’or.
Que signifie « or » [l’or car celui-ci provient traditionnellement de cet endroit comme la Sephira Guebourah] ?
Ceci nous enseigne que c’est de lui que provient la Rigueur.
Or, si tu écartes tes paroles à droite ou à gauche, il sera sur ses gardes vis-à-vis de toi.
74 – Mais il est écrit : « Il fait de l’obscurité ce qui Le cache; de tout ce qui L’entoure, Ses cabanes; des eaux noires les Nuées » (Psaumes 18, 12).
Il leur dit : Il est écrit à leur sujet: « Nuées, laissez déferler la Justice » (Isaïe 45, 8).
La Justice, c’est cet attribut de la Rigueur destinée au monde, dont il est dit :
« Justice, justice tu rechercheras » (Deutéronome 16, 20)et il est écrit: « … afin que tu vives et que tu aies la terre en héritage » (Deutéronome 16, 20).
Si tu te juges toi-même, tu vivras, et sinon, c’est elle qui te jugera et ses réparations se feront malgré toi.
La couleur associée à Guebourah est traditionnellement le Rouge, mais, Cordovero dans sa Douce Lumière, nous donne le noir, lorsque la Guebourah est proche de la Géhenne ; le rouge qui correspond à la Rigueur bénéfique qui réjouit Dieu et les hommes en les incitant à l’union ; et la couleur bleue qui correspond à la Rigueur qui, en passant par la Sainteté, arrive jusqu’en Malkhut. On lui attribue aussi la couleur or.
Et le Tomer Devorah, chapitre VI, de nous parler des qualités morales associées à la Sephira Guebourah : « Comment un homme pourrait s’entraîner à acquérir la qualité de Rigueur ? Sache que toute action qui excite l’inclination mauvaise agite les fortes Puissances. Ainsi, l’homme ne devrait pas exciter l’inclination mauvaise, afin de ne pas éveiller les Puissances. La raison en est que l’homme est créé avec deux inclinaisons, bonne et mauvaise : l’une appartient à la Bonté, l’autre à la Puissance. Cependant, dans le Zohar, dans la première section de la Genèse, il est indiqué que l’inclinaison bonne fut créée pour le salut de l’homme lui-même, l’inclination mauvaise pour le salut de sa femme. Vois comme ses mots sont doux. Contemple la Beauté, la qualité compatissante, tourne vers la Droite et tout son conduit est avec la Droite, l’inclinaison bonne. Mais la Femelle [signifie ici la Sephira de la Puissance] est de la Gauche et Son conduit [à elle] est avec la Puissance. Il est, ainsi, adéquat de ne pas agiter l’inclination mauvaise, pour le salut de l’homme, car cela agite la Puissance de l’Homme Supernel et ainsi détruit le monde. Ainsi, chaque excitation de l’homme pour le Pouvoir et l’inclinaison du mal fait un défaut dans l’Homme Supernel. De là, on peut observer la laideur de la colère et de ses semblables, car elle cause la prévalence des fortes Puissances.
En vérité, l’inclination mauvaise doit être liée et attachée, de sorte qu’elle n’incite à aucun acte corporel quel qu’il soit, ni pour le désir de cohabitation, ni pour le désir de l’argent, ni à l’égard de la colère, ni à l’égard de l’honneur, de quelque façon que ce soit. Cependant, pour le salut de la femme, il devrait gentiment agiter son inclination mauvaise en direction des douces Puissances, pour la pourvoir de vêtements et d’une maison, par exemple. Et il devrait dire : ‘En la pourvoyant de vêtements, je pare la Shekhinah’, car le Shekhinah est parée avec la Compréhension qu’est la Puissance (car elle inclut toutes les Puissances et celles-ci sont adoucies dans ses abondantes compassions.) Par conséquent, tous les besoins de la maisonnée sont les Tikkunim de la Shekhinah, qui est adoucie par l’inclination mauvaise, qui a été créée pour faire la volonté de son Créateur et pour nul autre but.
Par conséquent, un homme ne devrait pas avoir l’intention de tirer aucune sorte de plaisir de l’inclinaison mauvaise, mais lorsque sa femme apparaît devant lui dans sa beauté dans une jolie maison, il devrait avoir l’intention de parer la Shekhinah, car Elle est parée par les bonnes Puissances de la Gauche d’où viennent la richesse et l’honneur. Pour cette raison, il devrait agiter son inclination mauvaise pour les aimer et il devrait alors avoir l’intention d’agiter la Gauche pour l’Amener tout près, selon le secret de : ‘Son bras gauche est sous ma tête’ (car Elle ne s’attache pas tout de suite sauf à l’égard de la Gauche). Et alors : ‘son bras droit m’étreint’, il devrait avoir l’intention d’adoucir tous ces Tikkunim avec l’inclinaison bonne, et d’accomplir réellement le Tikkun pour Elle, pour la rendre heureuse en accomplissant le commandement divin pour le salut de l’Union Supernelle. Contemple, de cette façon il adoucit tous les jugements et accomplit leurs Tikkunim avec la Droite. Cette méthode s’applique à tous les désirs qui dérivent de l’inclination mauvaise. Ceux-ci devraient être fermement dirigés vers le bénéfice de la femme que Dieu a choisie pour être une rencontre qui l’aide, et après quoi, il devrait les tourner tous vers le service de Dieu, pour les lier à la Droite ».
Le Nom Divin associé à Guebourah est Elohim, ,אלהים, ou Elohim Guibor, גבור, qui signifie puissant ou héros.
Le Shaarei Orah de Joseph Gikatila donne les Noms suivants associés à cette Sephira :
Beith Din shel mâlah, בית דין של מעלה – Pa’had Yitsh’aq (Peur d’Isaac), פחד יצחק – Laïlah (nuit), לילה – Déborah, דבורה – Adamah (Glèbe), אדמה – Elohim Emeth (Vérité d’Elohim), אלהים אמת – Vav shel Shem (Vav du Nom), ואו של שם – Ben (Fils), בן.
À cette Sephira on associe l’ange Kamaël כמאל. Et les Seraphim, les Serpents Brûlants. השרפים: : Êtres de feu, Êtres de lumière. Nous allons parler de ces êtres qui m’ont très souvent interpellés par leur symbolisme et leur portée, je veux parler des Seraphim, nos bons Séraphins de nos cours de catéchisme. Les pages qui suivent sont des notes personnelles, souvent décousues, tournant autour du principe du feu, du serpent, du Messie…
Isaïe 6:1 – Isaïe voit Dieu sur Son Trône Elevé et Exalté (רם ונשא). Le mot רם (rom, ou rum) est « être élevé », être « exalté », alors que le mot ) ונשא (ouenisa) signifie « être honoré », être « magnifié », « exalté », « élevé », etc. Le Livre d’Enoch décrit Dieu comme « Seigneur des seigneurs, Dieu des dieux, Roi des rois (et Dieu des âges) », « le Trône de Sa Gloire se tient dans toutes les générations des âges… » (R. H. Charles, Apocrypha and Pseudepigraphia of the Old Testament, Vol. 2, Oxford, reprint, 1979, p. 193).
Dans Isaïe 6:2 – Les Seraphim sont des êtres décrits comme ayant de nombreuses ailes. Le mot השרפים (haserapim) signifie « serpents brûlants », ou « les brûlants », ce mot est d’ailleurs présent dans d’autres passages de la Torah (Nombres 21:6, 8; Deutéronome 8:15, Isaïe 14:29; 30:6).
Il est à noter que les « ailes » (כנפים Kenaphim) décrites sur ces créatures est le terme biblique pour « voile » ou « couverture ». Kanap est non seulement une aile, mais aussi le « coin », la « frontière » ou « fin ». Il signifie également « entourer », « enclos ». Ces êtres peuvent ainsi se cacher ou couvrir leur visage (hsky פניו יכסה). En hébreu, paneh (פנה) signifie non seulement « visage », « face » mais aussi « présence ».
Ainsi, on nous parle bien d’anges brûlants ou de feu, mais aussi d’êtres capables de se cacher et de dissimuler leur présence. Lisons donc ce passage des « Mots de Michael », un fragment des rouleaux de la Mer Morte (4Q529) :
« Les mots du livre que Michael a dit aux Anges de Dieu [après qu’il se fut élevé vers les plus hautes régions des Cieux]. Il dit qu’il y trouva des troupes de feu… »
Michael dit dans le Testament de Amram, (4Q543, 545-548)
« Il me dit, [Mes] trois noms sont [Michael et Prince de Lumière et Roi de la Justice]. »
Le Livre d’Enoch décrit Enoch disant à propos de ses visions du Trône de Dieu qu’il était entouré de feu, le portail du lieu étant des flammes. Le Serpent d’airain de Moïse est appelé שחף sarap (Nombres 21:8), brûlant, mais un autre terme est utilisé, נחש נחשת Nechash nechoshet, ou « serpent de bronze » (Nombres 21:9) lorsqu’il en fait un instrument de Dieu. Le Saraph est le « serpent brûlant » que Moïse essaye de symboliser de son mieux dans l’image du serpent d’airain.
Le Nom en Assiah est MADIM, מדים, Mars, nous précise l’aspect guerrier, héroïque de Guebourah. Mars, planète rouge dont nous pouvons étudier par ailleurs le symbolisme astrologique et mythologique. Il est à noter que l’ambivalence n’est pas à considérer comme négative, car dans les deux interprétations la superbe couleur rouge de la planète est prise en compte, voir à ce sujet Juges V, 10.
Guebourah par Spartakus FreeMann.