Exégèse de la Genèse par les néo-sabbatéens par Yakov Leib HaKohain. Voici une courte exégèse sur la Genèse due à Yakov Leib HaKohain, directeur de Donmeh West, continuateur de la pensée de Sabbataï Tsevi ou Zevi.
B »H
Chaverim V’ Ma’aminim,
Cet exposé en quatre parties est un Midrash sur le livre de la Genèse – c’est-à-dire, une explication de la Torah écrite exotérique basée sur les enseignements de la Torah orale ésotérique, et particulièrement sur le Zohar. D’un style typiquement midrashique, il est organisé en citant tout d’abord un passage de la Torah écrite qui est suivi d’un commentaire de la Torah orale. Il est essentiel de garder à l’esprit qu’une tendance existe dans ce midrash – chaque section suit la précédente et mène à la suivante – et cette tendance devient graduellement plus claire alors que le lecteur progresse d’une section à l’autre.
Enfin, il est important de souligner dès le début que ce midrash heurtera les croyances de beaucoup (si ce n’est de tous). Ceci du fait qu’il apporte dans les écritures des éléments de la Torah orale afin d’expliquer ce que l’on ne trouve pas dans la Torah écrite. Dans le judaïsme, cette Torah orale – qui est constituée du Talmud, du Zohar et des Midrashim, et d’autres œuvres sacrées – est tenue pour égale en autorité à sa contrepartie écrite. Par exemple, selon un écrivain de renom :
« Un problème fondamental dans le judaïsme a été l’acceptation de la Torah traditionnelle, transmise d’une génération à une autre, côte à côte avec le texte écrit. On dit que la Torah orale, de même que la Torah écrite, remonte à la Révélation du Sinaï » (Abraham Cohen, Le Talmud pour Tous, Schocken Books, 1949, p 146).
Ainsi, le lecteur qui n’est pas familier avec la Torah orale du judaïsme (ce qui inclut la plupart des Gentils et non pas uniquement quelques juifs) doivent se préparer à entendre des choses dans ce qui suit qu’ils n’ont jamais entendu auparavant, et qui sans aucun doute les heurteront par leur bizarrerie, mais qui, néanmoins, ont été tenues vérités secrètes par le peuple juif pendant des milliers d’années, depuis leur révélation sur le Mont Sinaï. (À ce sujet, permettez-nous de suggérer que ce n’est pas parce qu’une chose semble inconnue qu’elle n’existe pas, et parce qu’on peut la rejeter dans l’ignorance, ou par une incapacité à les réconcilier à ses croyances, qu’elles soient fausses).
* * * *
Adam & Eve, Russian Lubok woodcut 1792.
ET ADAM ENGENDRA UN FILS À SA PROPRE RESSEMBLANCE, À SON IMAGE, ET IL L’APPELA SETH. (Gen. 5:1-4)
Pourquoi omet-on Caïn et Abel dans l’énoncé des fils d’Adam ? (Tout comme ils le sont de l’arbre généalogique dans l’Évangile de Luc). La réponse semblera bizarre, pleine de digression, passant d’une citation biblique à une autre, et de là au Zohar ; mais de cette exégèse émergera la Théorie des Origines basée sur une synthèse de la Torah écrite, de la Torah orale et de la psychologie archétypale de C.G. Jung.
Nous commençons au sixième jour de la création lorsque « Dieu créa l’homme à Son image » (Gen. 1 :27). Néanmoins (et c’est le grand mystère) Dieu dit plus loin : « il n’y avait pas d’homme pour travailler la terre » (Gen. 2 :5). Mais si l’homme a été créé dans Genèse 1, pourquoi n’y avait-il aucun homme dans Genèse 2 pour labourer la terre ? La réponse : seule la seconde création est appelée par la Bible « une créature vivante » (Gen. 2 :7) car seule elle reçoit un « souffle de vie », ou une Âme, de Dieu ; ainsi la première création est « bénie » par Dieu mais seule la seconde est sanctifiée.
En d’autres mots, Dieu créa deux Adam, et non pas un seul : le premier (Gen. 1 :26) il l’a béni mais ne lui a pas accordé d’âme avec le « souffle de vie » ; le second (Gen. 2 :7) il l’a créé, mais cette fois avec une âme, car le premier ne convenait pas pour labourer le sol de l’Éden – ce qui signifie amener le Royaume des Cieux à la germination. Le premier est appelé « bête des champs » (Gen. 1 :24) alors que le second est appelé « Adam » ou Homme, comme décrit dans le passage :
« YHVH dit : il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je lui ferai une aide. Ainsi du sol YHVH façonna toutes les bêtes sauvages… Celles-ci il les amena devant l’homme… Mais l’homme ne trouva pas d’aide parmi elles » (Gen. 2 :18).
À propos de ce passage et de l’implication directe du fait que Dieu amène toutes les bêtes sauvages devant Adam pour qu’il se choisisse une aide parmi elles, le Zohar dit :
« Hélas pour la stupidité et l’aveuglement des hommes qui ne perçoivent pas les mystères de la Torah et qui ne savent pas que les bêtes des champs désignent la première création qui n’est pas encore enseignée… Les bêtes des champs étaient comme des animaux sans âmes parmi les hommes » (Zohar 1 :128 a-b).
À PRESENT, LE SERPENT [NA’HASH] ÉTAIT LE PLUS RUSÉ DE TOUTES LES BÊTES DES CHAMPS. (Gen. 3:1)
En d’autres mots, il était leur chef, le premier homme créé dans Genèse 1 :26 qui était fécond avec sa contrepartie féminine, créant ainsi la « bête des champs » ou l’humanité non éduquée et sans âme à laquelle se réfère le Zohar. De plus, le Zohar dit que ce serpent Na’hash (que Rashi nous dit marcher debout comme un homme jusqu’à ce qu’il soit puni par Dieu et qu’il ne rampe sur son ventre et mange de la poussière dans Genèse 3 :14), ce Na’hash était la « forme idéale de Satan » (Zohar 1 :35b). Ainsi, Na’hash était à la première création ce qu’Adam était à la seconde – un prototype d’une espèce spirituelle spécifique – la différence significative entre eux étant, comme je l’ai souligné au début de cet exposé, que le second Adam reçut une âme vivante, mais que Na’hash n’en reçut pas. Dans la prochaine section, nous considérerons la signification du passage « Et YHVH dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gen 2 :18).
ET YHVH DIT « IL N’EST PAS BON QUE L’HOMME SOIT SEUL » (Gen. 2:18)
Tout comme il y eut un Premier et un Second homme, il y eut une Première et une Seconde Femme. La première est appelée Lilith dont on fait allusion dans le passage « Et du sol YHVH forma toutes bêtes des champs » (Gen. 2:19). D’un autre côté, la Seconde Femme est celle qui est justement nommée Eve, et sa création est décrite dans le passage « YHVH prit une côte de l’homme pour façonner la femme » (Gen.
2:22) Par conséquent, la Seconde Femme, Eve est la Femme du Second Adam comme il est dit « Et YHVH l’amena à l’homme » (Gen. 2:22) ; mais la première femme, Lilith, était la Première Épouse du Premier homme car ils étaient tous deux des « bêtes des champs ».
ET LA FEMME RÉPONDIT « NA’HASH [LE SERPENT] M’A SÉDUITE » (Gen. 3:13)
Selon Rashi, Na’hash (la forme serpentesque de Satan) désira sexuellement Eve lorsqu’il la vit nue et avoir des rapports avec Adam. Ainsi, le Zohar dit :
« Deux êtres [Adam et Na’hash] eurent des rapports avec Eve [la Seconde Femme], et elle conçut des deux et porta deux enfants… D’un côté, Caïn est l’hôte de toutes les espèces du mal ; du côté d’Abel vient une espèce plus miséricordieuse, bien que non encore parfaite – du bon vin mélangé avec du mauvais » (Zohar 136b).
Et encore plus spécifiquement :
« Na’hash injecta une semence impure en Eve et elle l’absorba ; par conséquent, lorsqu’Adam eut un rapport avec elle, elle conçut deux fils – un du côté impur [Na’hash] et un du côté d’Adam ; et Abel [le second] porta la ressemblance d’une forme plus élevée, et Caïn [le premier] porta la plus basse » (Zohar 154a).
Par conséquent, ni Caïn ni Abel n’étaient les « fils complets » d’Adam, mais ils portaient aussi une graine (ou un gène) de Na’hash ; et chacun était le prototype d’une espèce future de l’humanité. La question qui est toujours soulevée, bien sûr, est comment se peut-il qu’Abel, qui fut tué par Caïn, devienne le géniteur de quelque espèce que ce soit, même mis à part le fait qu’il était « du bon vin mélangé avec du mauvais ». La Torah orale répond :
« Caïn se leva contre Abel et il le tua car il était jaloux d’Abel et de sa femme, comme cela est indiqué par les mots « et il vint à passer lorsqu’ils étaient dans le champ », le mot champ signifiant « femme » (Zohar 1 :36b).
Comme je le ferai remarquer par après, cette femme d’Abel – selon le Zohar, Rashi et d’autres œuvres de la Torah orale – était sa sœur jumelle. Ainsi, Abel avait pris sa sœur jumelle pour épouse, et de cette union incestueuse proviendront les espèces futures du « bon vin mélangé avec du mauvais », ou génétiquement récessives remontant à leur parenté mutuelle du côté de Na’hash. Aussi, on nous dit que c’était pour voler cette femme et la faire sienne que Caïn tua Abel et eut des rapports sexuels avec elle. Comme il est écrit « Et Caïn connut sa femme et elle conçut » (Gen. 3:17).
Ainsi, c’est des frères Caïn et Abel et de leurs rapports sexuels avec leur sœur que provient les multitudes mélangées dont on parle dans la Torah, qui sont deux espèces de l’humanité : du côté de Caïn vient la graine du mal (le gène négatif) de Na’hash tempérée par la sainte graine (ou gène positif) d’Adam ; et du côté d’Abel vint la sainte graine d’Adam corrompue par la semence maléfique de Na’hash (Zohar 1 :36b). Dans la prochaine section, nous discuterons de l’émergence de Seth, appelé « Première Génération de la Rigueur » par le Zohar, 150 ans après qu’Adam et Eve quittèrent le Jardin d’Éden.
[À suivre]
Ha-Kol Mayal Motzai,
Exégèse de la Genèse par les néo-sabbatéens, Yakov Leib HaKohain (« YaLHaK »), Fondateur & Directeur de Donmeh West. Traduction française par Spartakus FreeMann. Image par Robert-Owen-Wahl de Pixabay
C’est une etude assez profonde mais simple qui a fait jaillir de brillantes lumieres sur des choses tant expliquees qui demeurent jusqu’ici incomprises.