Éléments alchimiques Zohar II – 23b-24b.
J’ai apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob sous le nom de Dieu tout-puissant ; mais je me suis point fait connaître à eux sous le nom de YHVH. Rabbi Hizqiya commença à parler de la manière suivante : Il est écrit : « Heureux l’homme à qui les indignités ont été remises, etc. » Combien les hommes sont-ils aveuglés de ne pas voir et de ne pas comprendre sur quoi le monde est basé ! Lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il fit l’homme à son image afin qu’il se consacre à l’étude de la Loi, et marche dans sa voie. Adam avait été créé de la terre sur laquelle s’élevait le Sanctuaire d’ici-bas ; or la terre sur laquelle s’élevait le sanctuaire était la synthèse des quatre points cardinaux du monde. Les quatre points cardinaux s’unirent au moment de la création aux quatre éléments constitutifs du monde d’ici-bas : le feu, l’eau, l’air et la terre ; c’est en mélangeant ces quatre éléments que le Saint, béni soit-il, créa un corps d’après l’image d’en haut. Le corps est composé d’éléments des deux mondes, de ceux du monde d’en bas et de ceux du monde d’en haut. Rabbi Siméon dit : Remarquez que les quatre éléments primitifs constituent le mystère de la Foi ; ils sont l’origine de tous les mondes ; ils cachent le mystère des légions célestes. À ces quatre éléments célestes correspondent les quatre éléments matériels : le feu, l’eau, l’air et la terre, qui sont le symbole d’un mystère suprême. C’est de ces quatre éléments qu’ont été formés l’or et l’argent, le cuivre et le fer. Au-dessous [24a] de ces quatre métaux principaux, il y en a d’autres qui leur ressemblent. Remarquez que l’eau, l’air, l’eau et la terre sont l’origine et la racine du monde d’en haut et du monde d’en bas ; tous les mondes sont basés sur eux. Ces quatre éléments sont répartis entre les quatre points cardinaux du monde : le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest ; chacun de ces quatre points cardinaux forme la région de l’un des quatre éléments sus-nommés. Le feu a on séjour au Nord, l’air à l’Est, l’eau au Sud, la terre à l’Ouest. Les quatre éléments étant unis aux quatre points cardinaux du monde, il s’ensuit que les quatre métaux, l’or et l’argent, le cuivre et le fer, forment ensemble douze éléments qui ne forment qu’un corps. Remarquez que le feu est à gauche, du côté nord, parce que la chaleur et la sécheresse dominent dans le feu ; or le Nord, qui est le contraire de chaleur et de sécheresse, a reçu pour partage le feu, pour que cet élément supplée à ce qui manque à ce point cardinal ; voilà pourquoi le feu a été mêlé au Nord pour ne former qu’un corps avec lui. L’eau est à droite, du côté du Sud, parce que le Saint, béni soit-il, a uni à ce point cardinal également les contraires. Le Nord est froid et humide, le feu est chaud et sec. Dieu l’a tourné dans la direction du Sud qui est chaud et sec. L’eau est froide et humide, et le Saint, béni soit-il, mêle de cette façon le nord avec le sud en faisant remonter des courants d’eau du Nord vers le Sud, et du Sud vers le Nord ; ainsi, le feu sort du Nord et descend au Sud ; et la chaleur revient ensuite du Sud et réchauffe le Nord. De cette façon, le Saint, béni soit-il, fait en sorte que chacun des quatre points cardinaux prête à son opposé ce qui lui manque. Il en est de même de l’air qui appartient à l’Est; cet élément à été placé à ce point cardinal pour qu’il prête au point opposé ce qui lui manque. Remarquez que le feu appartient à un point cardinal, le Nord, et que l’eau appartient au point cardinal opposé, le Sud. Voilà pourquoi il y a incompatibilité entre ces deux éléments. Mais quand l’air se pose au milieu, il attire les deux éléments des deux côtés en formant au milieu d’eux un trait d’union, ainsi qu’il est écrit « …Et l’esprit d’Élohim planait au-dessus des eaux. » Le feu est en haut, c’est-à-dire au-dessus de l’atmosphère ; l’eau est au-dessus de la terre ; entre le feu et l’eau se trouve l’air qui unit les deux éléments précédents et leur enlève le caractère d’incompatibilité qui les distingue ordinairement. La terre porte ainsi l’eau d’abord ; l’air est au-dessus de l’eau et l’eau est au-dessus de l’air ; les quatre éléments étant ainsi superposés, il s’ensuit que la terre tire sa force de trois éléments qu’elle porte sur elle. Remarquez que l’air appartient à l’Est ; l’Est est chaud et humide, et l’air est chaud et humide ; et c’est pourquoi il peut s’unir des deux côtés. Car le feu est chaud et sec (c’est le Nord); l’eau est froide et humide (c’est le Sud). Or l’air qui est chaud et humide s’attache par son côté chaud au feu (nord); et le point qui est humide s’unit à l’eau (sud). De cette façon, l’air concilie le feu et l’eau et leur enlève l’incompatibilité qui les sépare d’ordinaire. La terre est froide et sèche ; et c’est pourquoi elle reçoit tous les autres éléments et est susceptible de se mélanger avec eux, d’en tirer la force et de produire ainsi la nourriture au monde. Car l’Ouest, qui est la région de l’élément de terre, est froid et sec, de sorte qu’il s’unit par son côté froid au Nord qui est froid et humide, car le froid s’unit au froid. Voilà comment le Nord s’unit à l’Ouest d’un côté.
Le Sud qui est chaud et sec s’unit par la sécheresse, la sécheresse de l’Ouest. Voilà donc l’Ouest uni aux deux côtés, au Nord et au Sud. Le Sud s’unit également à l’Est, parce que le Sud étant chaud, sa chaleur s’unit à la chaleur de l’est. L’Est s’unit également au nord par son côté humide ; l’humidité de l’Est s’unit à l’humidité du Nord. De cette façon, nous trouvons l’union du Sud et de l’Est, de l’Ouest et du Nord, du Nord et de l’Ouest, et de l’Ouest et du Sud par leurs points d’affinités, les quatre points cardinaux se trouvent ainsi liés ensemble.
De même, le Nord produit l’or, parce que l’or est produit par la force du feu; et c’est pourquoi l’Écriture dit: « L’or vient du Nord ». Le feu s’unissant à la terre produit ainsi l’or, ainsi qu’il est écrit : « … et ses terres sont de l’or ». C’est dans ce mystère qui est caché dans les deux Cheroubim d’or qui surmontaient l’Arche de l’Alliance. L’eau s’unissant la terre produit l’argent par le mélange du froid et de l’humide. La terre se trouve ainsi unie aux deux métaux, l’or et l’argent, parmi lesquels elle est placée. L’air s’unit à l’eau et [24b] au feu et, de son mélange avec ces deux éléments, se forme le cuivre, ainsi qu’il est écrit : « Et il sortait d’eux des étincelles comme il en sort du cuivre lui-même ». La terre produit le fer par le mélange du sec et du froid. Le verset suivant peut servir de mnémonique à ce principe : « Si le fer s’émousse, etc. » Ainsi, la terre s’unit à tous les autres éléments ; et tous les autres éléments transforment la terre au point de la rendre semblable à eux. Remarquez que sans terre, il n’y a ni or, ni argent, ni cuivre; car la formation de chaque métal s’opère par le concours qu’un élément prête à l’autre par l’intermédiaire de la terre, qui unit tous les éléments par un point d’affinité. Le feu, l’eau et l’air se mêlent à la terre, et, par deux points analogues, s’opère la formation des métaux. Il s’ensuit que, lorsque la terre se marie aux trois autres éléments, elle produit d’autres genres de terres qui sont de la ressemblance avec les éléments qui s’étaient unis à la terre. Comme les métaux sont le produit d’un des trois éléments avec la terre, il s’ensuit que, lorsque la terre s’unit à un métal quelconque, elle produit un autre métal qui a de la ressemblance avec le premier. Ainsi, le mélange de la terre avec l’or produit la gangue qui ressemble à l’or; son mélange avec l’argent produit le plomb ; son mélange avec le cuivre supérieur rouge produit le cuivre inférieur jaune, et son mélange avec le fer produit l’acier; on trouve une mnémonique pour ce dernier principe dans le verset suivant : « Le fer aiguise le fer. » Remarquez que le feu, l’air, l’eau et la terre sont liés l’un à l’autre sans aucune séparation. Et quand, par cette union, la terre enfante un nouveau produit, ce nouveau produit ne renferme plus en lui les quatre éléments primitifs, ainsi qu’il est écrit : « … Et de là le fleuve se divise en quatre canaux. » Or les pierres précieuses, ainsi que l’or, se trouvent dans un de ces quatre canaux, où existe déjà la division ainsi qu’il est écrit : « C’est là que se trouvent le bdellion et la pierre d’onyx. » Les gisements des pierres précieuses sont au nombre de douze, aux quatre points cardinaux du monde, pour correspondre aux douze tribus ; c’est pourquoi l’Écriture dit : « Tu mettras sur les pierres les noms des enfants d’Israël ; leurs douze noms y seront gravés selon leurs douze tribus, chaque nom sur chaque pierre. » C’est à ce nombre également que correspondent les douze boeufs supportant la mer d’airain. Remarquez que, bien que les quatre éléments constitutifs du monde soient liés ensemble par certains points d’intimité, l’air l’emporte sur les trois autres, qui ne subsistent que par l’air. La vie humaine aussi serait impossible même pendant une seconde sans l’air. Ce mystère est exprimé dans les paroles de l’Écriture : « Sans la science de l’âme il n’y a point de bien », ce qui veut dire : la vie sans esprit n’est pas bonne et ne peut pas subsister. Remarquez en outre que le nombre douze, dont il était parlé précédemment et auquel correspondent les douze pierres précieuses et les douze boeufs supportant la mer d’airain, se retrouve également dans le verset suivant concernant les douze princes d’Israël : « … douze boeufs du troupeau pour l’holocauste. » Tout ce qui précède cache un mystère suprême ; et quiconque étudie la nature des quatre éléments y découvrira le mystère de la Sagesse Suprême dont ils ne sont que l’image. Rabbi Siméon dit : Ce qui précède corrobore la sentence de Rabbi Hizqiya suivant laquelle, au moment de la création de l’homme, le Saint, béni soit-il, en forma le corps de la terre sur laquelle s’élevait le sanctuaire d’ici-bas, et en forma l’âme de la « terre » sur laquelle s’élève le sanctuaire d’en haut, et de même que, lorsque l’homme fut formé de la terre d’ici-bas, les trois autres éléments vinrent s’associer à la terre, de même lorsque l’âme fut créée de la « terre » d’en haut, les trois autres éléments constitutifs du monde d’en haut vinrent s’associer à la « terre » d’en haut et c’est ainsi que l’homme devint achevé. C’est pourquoi l’Écriture dit : « Heureux l’homme à qui Dieu a fait remise des iniquités et dont l’esprit est exempt de tromperie. » À qui Dieu n’impute-t-il aucun péché ? – À celui dont l’esprit est exempt de tromperie. Remarquez que Moïse a atteint à une plus grande perfection que les patriarches, attendu que le Saint, béni soit-il, lui a révélé un degré supérieur à celui qu’il avait révélé tous les autres ; Moïse faisait partie des membres intérieurs du palais du Roi même. C’est pourquoi l’Écriture dit : « J’ai apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob, etc. », ainsi que cela a été déjà expliqué.
Éléments alchimiques Zohar II – 23b-24b.
j’ai une petite question: Peut on vraiment s’appuyer sur cette traduction du Zohar par Jean de Pauly, sachant qu’il a été vivement critiqué par Gershom Scholem pour avoir falsifié certaines parties? c’est pas une critique gratuite, juste une question…
La traduction de Jean de Pauly est « dirigée », c’est-à-dire qu’il avait dans l’idée de réconcilier le Judaïsme avec le Christianisme. Il y a donc dans cette traduction de bugs. Mais le travail n’en reste pas moins utile – d’autant que ce fut là la seule traduction française accessible au public pendant des années.