Dans la nudité du Na’hash par Spartakus FreeMann.
On traduit ordinairement le mot Na’hash par serpent, alors que son sens en hébreu est plus large et peut désigner aussi toute espèce de reptiles et même des animaux tels que le dragon. Ce terme de dragon a de plus l’avantage d’être suggéré par saint Jean (Ap. 12, 20) lorsqu’il parle du grand dragon, de l’antique Serpent. Pour l’auteur de la Genèse, l’animal merveilleux qui parle à Ève et la trompe est tout d’abord pourvu de pattes comme les animaux supérieurs, sans doute à la manière du dragon qui réunit les perfections de plusieurs espèces, possédant pattes et parfois ailes.
La nature sexuelle du serpent Na’hash reste tout aussi imprécise et ceci nous est dévoilé par ce passage du Zohar du Cantique des Cantiques : « La Femme de Prostitution descendit ainsi que celui qui la chevauche et la domine », où la femme de prostitution est assimilée au Serpent primordial et celui qui la chevauche à l’ange Samaël.
Le mot Serpent défini en hébreu nous offre les éléments suivants :
- Nachash – naw-khawsh’ ; un serpent.
- Nachuwsh – naw-khoosh’ ; (dans le sens de sonner – comme sonner une cloche ou aussi couleur rouge de la gorge d’un serpent quand il se prépare à frapper) ; cuivre.
- Nechuwshah – nekh-oo-shaw’ ; féminin ; cuivre.
- Nechash – nekh-awsh’ ; cuivre, airain.
- Nachash – nakh’-ash ; une incantation ou augure : – enchantement.
- Nachash – naw-khash’ ; jeter un sort magique ; faire des pronostications, enchanteur, apprendre par expérience.
Le Naga ou Nagash représente le serpent musicien de Babylone. Le mot lagash est très similaire et signifie « parler en langues ». Tout a commencé dans le Jardin d’Éden avec l’entrée en scène du Serpent.
Les hymnes sont les incantations qui ont le pouvoir d’apaiser les dieux, tout comme la nourriture, les fleurs ou les faveurs sexuelles. Les Musiciens participent donc à l’adoration des dieux par leur Art. Même si selon certains, les musiciens sont des adorateurs du mal, il est indéniable qu’ils participent à l’oeuvre humaine de réconciliation avec dieu ou la divinité.
Nous savons que les serpents ne parlent pas ou ne séduisent pas les humains. Les serpents sont reliés aux nagas qui furent les initiateurs du culte de l’homme et de sa réintégration à la divinité par la musique. Les Nagas sont des serpents semi-divins avec des faces humaines et des queues de serpent.
Les serpents ou nagas sont habituellement représentés sous la forme de cobras gigantesques et sont considérés comme les rois des autres serpents. Les nagas sont également mis en relation avec les Dragons.
« In the Western traditions we find the same ubiquity for the Naga, or Serpent. One simple example is the Ancient Greek Goddess, Athena. She is known as a warrior Goddess as well as the Goddess of Wisdom ; her symbol being the Serpent as displayed on her personal shield ».
Bien sûr, dans la Genèse, le Serpent est un Naga qui instruit l’humanité sur le Sentier de la Connaissance du Bien et du Mal. Le gnosticisme, et non la gnose, construisit un système basé sur le serpent en tant que la Bête et Zoé en tant qu’instructeur féminin « habitant » le serpent afin de communiquer sa révélation à l’humanité.
Le serpent du Jardin d’Éden était donc : Nachash (h5175) naw-khawsh’ ; serpent.
Ce mot dérivant de : Nachash (h5172) naw-khash’ ; siffler, enchanteur, enchantement, observer et apprendre par expérience.
Nous avons donc aussi une connexion avec Lucifer qui, en Latin, signifie Porteur de Lumière [cfr grec Phosphoros ou Eosphoros] ; la planète Vénus, l’Étoile du Matin. Lucifer est celui qui apporte la lumière sur terre, non seulement au sens physique du terme mais aussi au sens mystique.
Mais pour revenir au nagas et faire ce lien tant attendu entre eux, Na’hash et Lucifer, le mot pour « joueurs », nagan, dans le Psaume 68 est à rapprocher du mot Chalal (halal) du Psaume 87 :
« Les chanteurs vinrent en premier, les joueurs d’instruments suivirent ; parmi eux il y avait ceux qui jouaient du tambourin. »
Et Nagan (h5059) naw-gan’, signifie bien jouer d’un instrument de musique et plus particulièrement d’un instrument à vent, mélodie, ménestrel, jouer, joueur. Naga (h5060) naw-gah’ ; porter la main sur quelque chose, coucher avec une femme, frapper. Negiynah (h5050 neg-ee-naw’ ; instrument de musique ; un poème mis en musique.
Chalal (h2490) khaw-lal’ ; blesser, dissoudre ; figuré profaner (une personne, un lieu ou une chose), commencer ; jouer (de la flûte) : polluer, se prostituer. Halal (h1984) haw-lal’ ; être clair (son ou couleur) ; briller ; célébrer, donner en mariage, prier. Heylel (h1966) hay-lale’ ; (dans le sens de briller) l’étoile du matin, Lucifer.
Ainsi, se comporter comme un musicien c’est être musicien de l’âme, un naga, au sein d’Heylel en compagnie de Na’hash… Si l’on me suit bien ?
Comme exemple à ce procédé, nous l’appliquerons au Na’hash – qui désigne en hébreu le « serpent » – et Enosh – qui désigne en hébreu l’« homme ordinaire » : Na’hash = נחש = (50 58 350 ) = 466 Enosh = (אנוש) = (1 51 57 357) = 466
L’on peut donc poser une identité ésotérique entre le « serpent » et l’« homme ordinaire », le « profane ».
Il est ici à noter que dans tous les cas, l’identité demeure au niveau de la valeur, que celle-ci soit obtenue par l’un ou l’autre procédé. Ainsi, l’identité qui existe entre Na’hash et Mashiah, le Messie – qui nous est donnée par la Guematria « simple », c’est à dire, au travers de la valeur 358 qui est la somme des lettres qui composent chaque mot – demeure.
Toutefois, il n’existe pas d’identité entre Mashiah et Enosh : Enosh = 466 et Mashiah, donc (8 18 318 350 ) = 702. Pas d’intimité donc entre l’« homme ordinaire » et le Messie !
Par contre, on peut dresser un parallèle assez étonnant entre la valeur de Na’hash donnée par le procédé du « quaternion » et d’autres mots tels que Golgotha – lieu de crucifixion du Christ, lieu du supplice par la croix dont la symbolique se rattache de manière absolue au symbolisme du serpent – et Olam haYetsirah, le Monde de la Formation, dont la valeur « simple » est également de 466 !!! Nous laissons le lecteur méditer sur cet exemple…« Mais, revenons à la Bible et au chapitre III, verset 1 de la Genèse : Wa haNa’hash ‘Aroum mikol hayat hasadeh, « Et le serpent est le plus rusé des animaux des champs »… « Lorsque Élohim se retire dans son Shabbat et qu’alors IHVH monte des profondeurs dans une exigence d’accomplissement, avec lui monte le Satan. L’Adversaire enveloppe le NOM comme une coque enveloppe le fruit et lui fait barrière. L’adversaire n’est pas l’ennemi. A la racine de la vie, le serpent symbolise cette barrière, mais à l’acmée de l’œuvre, toutes barrières ayant été franchies, c’est-à-dire le serpent ayant été intégré par l’homme conquérant son NOM, avec le Nom, il est la vie » – Annick de Souzenelle, l’Alliance de Feu tome II.
Dans ce passage de la Bible, nous lisons le qualificatif de ‘AROUM, qui signifie nu ou rusé. C’est le même terme qui désigne le couple Ish et Isha (Gen. II, 25). Ainsi, il y a une identité entre le couple et le serpent au travers de la nudité ou de la ruse, car l’hébreu permet un jeu de mots entre ces deux termes.
Adam est ‘Aroumim – AYIN RESH VAV MEM YOD MEM – par le lecture « éclatée » du mot nous lisons alors qu’Adam est ‘ER (AYIN RESH), l’éveillé, et (VAV), MAYIM (MEM YOD MEM), les eaux. ‘AROUM, AYIN, RESH VAV MEM, est donc aussi un éveillé. La racine AYIN VAV RESH signifie d’ailleurs « être éveillé ». Afin de compléter ces idées quant à la signification de ce mot, il nous faut à nouveau l’éclater et y lire ‘OR, AYIN VAV RESH, peau ! Que l’on peut permuter en VaRâ, VAV RESH AYIN, « et le mal ». Si l’on prononce ‘IWER, nous obtenons le mot « aveugle » mais prononcé ‘OUR, ce mot redevient le verbe « s’éveiller ». Notons la présence dans ce mot de la lettre AYIN qui est la « source », « l’œil ». ‘OUR a une valeur numérique de 276 et donc sa réduction est 6. Donc la valeur du VAV, l’éveil est un lien entre les deux réalités : l’humaine et la divine.
Selon Saint Augustin, il ne faudrait pas voir dans le serpent tentateur qu’un animal ordinaire : « Le serpent a été appelé le plus avisé, c’est à dire le plus astucieux de tous les animaux en raison de l’astuce du diable qui, en lui et par lui, ourdissait ses ruses… Il en serait de même si l’on disait que ce serpent est menteur, parce que le diable se servirait de lui pour mentir… »
Dans le sens premier, le serpent est l’animal le plus nu, le plus à découvert, celui qui ne cache rien. Ne rien cacher et être rusé, deux qualités, car la ruse est un accès à la Sagesse comme le dit si bien ce passage de Proverbes 8 , 12 : « Moi, la Sagesse, j’ai pour voisine la ruse et j’acquiers la connaissance des pensées ». Ou encore : « La ruse en soi est un savoir-faire dans la grande geste divino-humaine », Annick de Souzenelle, L’Alliance de Feu, tome II.
Comme nous l’avons fait remarquer auparavant, le Na’hash vient des profondeurs en même temps que IHVH, par cela, il agit dans la polarité de la Création, par ruse mais aussi à découvert, pose-t-il la fameuse question à Isha : « Aph ki amar Elohim », « Est-ce que Dieu à vraiment dit… Eritis sicut Dei ». De cette question naît l’histoire humaine, par le travers de « chute », l’homme prend sa liberté… Trop tôt diront certains. Mais sans la chute, comment obtenir le respect des 613 mitvot, ou commandements ? Et comment observer le commandement de réparer une faute commise si cette faute n’est pas commise ? Souvenons-nous de David ne pouvant mourir de n’avoir pas fauté et donc de ne pouvoir respecter l’ensemble des mitsvot à cause d’un « acte manqué »…
Pour conclure, revenons sur la similitude entre les valeurs numériques de Na’hash et de Mashia’h : 358. Cela nous indique que le serpent de la « chute » sera aussi celui qui rétablira le Royaume des Cieux, le Parès, en nos Cœurs par l’Unité et l’Amour. Unité qui dépasse tous les clivages humains et toutes les contradictions humaines en une dialectique unitive du « ouinon »…
Pour vous procurer les Oraisons du Serpent.
Dans la nudité du Na’hash, Spartakus FreeMann, janvier 2004 e.v., Nadir de Guantanamo.